S'il souffre d'une mise en scène globalement insignifiante et inutilement polluée d'effets oubliables, et d'une trame qui multiplie les personnages fonctionnels, plus utiles à la démonstration qu'à la véracité de sa fiction, il faut bien reconnaître à Pas de Vagues une certaine gestion de la tension et une courte durée qui permet l'efficace aspiration dans spirale infernale, bien illustrée par la belle composition de l'echappé de AirJB Dunckel, et par sa dernière séquence, forte à de nombreux points de vue.
Le retournement du "me too" qu'opère la scénariste Audrey Diwan (puisqu'il s'agit ici de croire l'homme potentiellement agresseur plutôt que l'adolescente potentiellement victime), retournement risqué donc audacieux, permet d'aborder de biais d'autres sujets, plus insidieux, plus structurels, et tout autant problématiques : la réalité du métier de professeur et la place plus qu'abusive de l'avis des parents, l'homophobie latente de la société, et notamment celle inquiétante de la jeune génération, les petites lâchetés du quotidien (le fameux corporatisme qui a ses, parfois utiles, limites), un monde scolaire public rempli de petites ambitions nombrilistes qui obéissent à une tragique (mais pas nouvelle) logique du chiffre, et la salvatrice porte de sortie par le professionnalisme à toute épreuve et la croyance corps et âme en l'utilité de sa fonction.
Mais se dégage toujours de l'écriture d'Audrey Diwan (à qui l'on doit, rappelons cette contradiction, l'immonde Bac Nord comme le superbe L'Événement) un sentiment d'ambiguïté latent dont on ne sait que faire et une certaine essentialisation sans nuance de populations qui sera certainement très problématique (similaire parfois à l'effet "horde de zombies" de Bac Nord).