Le choix de traiter un sujet d'actualité, un titre directement inspiré d'une formule ayant eu un grand écho médiatique, un acteur on ne peut plus bankable dans le rôle titre : tous ces signaux avaient de quoi inquiéter.
Et en effet, la lourdeur programmatique pressentie dans la bande annonce se confirme dès les premières minutes. De la survenue de l'évènement à l'enchainement mécanique de ses conséquences, tout est d'un profond ennui didacticiel. On sent la volonté de réaliser un "film dossier" et de délivrer (ou plutôt marteler) un message que l'on connait déjà par un simple coup d’œil sur l'affiche.
À l'instar du récit, les personnages et leurs dialogues sont parfaitement insignifiants, car ils n'ont pour seule fonction que de faire avancer l'intrigue et de dérouler les chapitres et enjeux de manière scolaire. Ils perdent par là même toute profondeur, du personnage principal à ses élèves, en passant par les collègues, eux aussi transparents. Mention spéciale au proviseur, personnage caricatural à souhait, "méchant" du film dont chaque apparition a le goût d'un pamphlet contre l'institution.
Ce manque de naturel nuit aussi à la crédibilité de l'ensemble, tant il rend difficile de se plonger dans le quotidien du professeur.
À la décharge du film, la sortie récente de l'excellent La salle des profs, qui traite d'un sujet assez proche avec ô combien plus de subtilité et de réalisme. Ce dernier nous montre qu'il est possible de saisir toute la complexité d'un sujet sans verbaliser à l'excès, tout en prenant le temps d'installer des personnages complexes et simplement vrais.
D'aucuns salueront certainement l'utilité de ce Pas de vagues. S'il peut faire concurrence à de bons articles de presse, il n'a à mon sens pas la capacité de frapper le spectateur et d'influencer réellement l'inconscient collectif, critique que l'on peut adresser au passage à tous les films à message remplissant sagement leur rôle.