Ce qui m'a poussé à prendre ma place pour aller voir Passengers, hormis le doux visage de Jennifer Lawrence, c'est une phrase lâchée par Chris Pratt, dans les derniers instant de la bande annonce en VF, selon laquelle, ils ne se seraient pas réveillés sans raison. Cette aura de mystère entourant l'ouverture des caissons d'hyper sommeil, cette catastrophe annoncée, tout cela augurait d'un argument très SF intriguant et donnant envie d'en savoir plus.
C'est sur cet aspect là que Passengers "déçoit" le plus. Entendons-nous bien, j'ai trouvé le film plutôt pas mal, il m'a fait passer un agréable moment, mais l'argument semi science fictionnel passe très longtemps au second plan, poussant sur le devant de la scène, d'abord, un Chris Pratt aux allures de grand ado à la découverte de son nouveau lieu de vie, pour ensuite miser pas mal de jetons sur son histoire d'amour dans un décor assez atypique.
Le couple fonctionne à plein, c'est certain, mais la love story fera sans doute soupirer les plus blasés. Pourtant, pas grand chose n'est à jeter sur ce terrain. Le classicisme de l'ensemble se révèle aujourd'hui être un atout, surtout en ces temps de rencontres minute et de sentiments immédiats. Le vouvoiement très old fashion surprend même.
Pourtant, on ne sent aucun sentiment de tension, malgré quelques inserts et deux ou trois plans fugitifs suggérant une lente détérioration de la situation. Mais l'histoire d'amour l'emporte encore. Ainsi, à part cette idée de voyage vers une colonie in a far away galaxy, il n'y aura que le design du vaisseau spatial, superbe, en forme de morceau d'ADN et les décors immenses, froids et transparents qui rappelleront les atours science fiction du projet.
Jusqu'à ce que le couple se casse de manière abrupte, pour une raison assez neuneu du reste, pour que l'action s'emballe enfin dans un dernier tiers palpitant mais enquillant les passages déjà vus et les retours assez portnawak.
Bien que perclus de défauts sur lesquels chacun portera un regard plus ou moins critique, Passengers bénéficie pourtant d'un certain pouvoir d'attraction, assez inexplicable, qui tient peut être à l'alchimie de son couple vedette ou à l'esquisse, en pointillés, de certains tourments qui animent le personnage de Chris Pratt sur sa solitude et la destinée qu'il provoque par ses actions.
On est donc assez loin du débordement d'action promis par la bande annonce. Au contraire, Passengers prend le temps d'évoluer, de s'installer, de grandir, de muter dans son atmosphère. Non sans heurts, non sans ruptures abruptes. Traversé par ailleurs de quelques pointes d'humour témoignant d'un certain recul sur ce qu'il est réellement, Passengers met en scène, finalement, des répliques d'un Adam et d'une Eve dérivant et se rapprochant, se tournant autour, déroulant une histoire d'amour parfois naïve mais finalement plutôt plaisante, aux accents de jardin d'Eden. Sans pour autant se transcender.
L'oeuvre aurait gagné à installer sa menace de manière plus évidente. A faire sentir le danger, et non à le cantonner dans sa dernière ligne droite. Mais Passengers se laisse suivre sans difficulté grâce à ses deux têtes d'affiche, à ce qui les lie, à sa simplicité.
Drôle de film.
Behind_the_Mask, 8ème passager.