Cette série B qui oscille entre film d’aventures et film de guerre ne manque pas d’atouts. En tête, un casting qui a vraiment de la gueule même si ses interprètes étaient, à l’époque, dans le creux de la vague. Anthony Quinn en berger basque taciturne et mauvais coucheur est parfait tandis que Malcolm McDowell nous réserve, une nouvelle fois, une de ses interprétations hallucinées en officier SS totalement barré. Reprenant les ingrédients des films de guerre des années 1960, genre auquel il a apporté les fameux Canons de Navarone, Jack Lee Thompson livre une copie correcte en bon artisan qu’il était, juste avant de s’engager dans une fructueuse et très discutée fin de carrière dans les rangs de la Cannon. Hésitant parfois maladroitement entre le drame et la surenchère d’une certaine violence décomplexée héritée du personnage de Malcolm McDowell, le réalisateur anglais a cependant des difficultés à apporter une véritable identité à son film. On ne sait ainsi pas toujours s’il faut rire ou frémir des aventures qui nous sont présentées. En cela, l’ensemble manque d’une véritable unité.
Cet élément est d’autant plus flagrant dans un final un peu étrange qui ne s’imposait pas et qui apporte une note décalée qui fatalement dénote. On pourra aussi reprocher à Jack Lee Thompson la mise en boite de quelques scènes pas toujours très lisibles, notamment lors du passage de la frontière. La faute, d’abord, à un éclairage précaire, mais surtout à un découpage étrange. Enfin, le récit présente quelques faiblesses qui font qu’on comprend mal parfois comment s’articulent certains événements (comment le Basque fait-il, par exemple, pour récupérer la jeune fille des griffes de l’officier SS ?). Ces points étant signalés, il reste un film sympathique plutôt bien rythmé avec quelques séquences très efficaces et de somptueux paysages pyrénéens. En clair, une série B qui vise le divertissement, certes parfois avec de gros sabots, mais avec suffisamment de distance pour faire passer les plus grandes invraisemblances. Distrayant.