Après avoir découvert (et apprécié) Asako I&II (puis avoir été submergé par Senses), il me semblait logique de rattraper Passion le 1er film de Ryusuki Hamaguchi. Cela tombait bien, au même moment Passion recevait enfin une diffusion salle dans nos contrées. Je me doutais pas une seconde de l'effet qu'a aujourd'hui ce métrage sur moi.
Le film n'est pas complexe, 3 couples se retrouvent dans un restaurant avec divers choses à annoncer qui plus est. Les 3 hommes partent se promener en soirée, soirée qui va ouvrir les failles sentimentaux de chacun, et pas seulement celles des 3 compères.
En terme de réalisation, c'est le plus simple (et le plus froid certains pourraient ils le dire, sans me choquer outre mesure). Et c'est pas étonnant, c'est également le film de fin d'études du bonhomme. (Qui aura étudié en autres auprès de Kiyoshi Kurosawa, célèbre cinéaste pour lequel il finira par signer l'un de ses scénarios, ça partait bien). Mais pour autant, cela reste vraiment travaillé et efficace, tout en sobriété tout simplement.
Mais c'est les personnages qui ont fini par me charmer. L'un des points forts du cinéaste (qui sera démultiplié après dans le bouleversant Senses, on y revient) c'est d'arriver en douceur à nous attacher à ses personnages, suffisamment pour qu'on ait plus envie des les quitter. Tu as envie de les réconforter, d'être avec eux sur ce toit. La mise à jour des failles de chacun a travers le travail des personnages prend une tournure toute particulière avec la scène centrale du film, celle qui me hante encore et toujours.
2 des 3 compères, au domicile d'une amie, se retrouvent par le biais de celle-ci (et avec elle) dans un faux jeu amener délicatement par le biais d'une eau soit disante magique. Le seul effet qu'aura cette eau sera délié les langues. Véritable discussion/confession à 3 aux conséquences irrémédiables, cela va mettre en opposition chacune des personnalité des 3 "participants" et dévoilé les réelles pensées enfouis et les puissants non-dits.
La scène se finissant dans une certaine violence, violence de la vérité dévoilé au grand jour.
Tout le casting est impeccable de justesse, de vérité, qui font véritablement vivre ces personnages comme si on regardait en réalité de véritables personnes avec leurs propres troubles, leurs propres failles.
La fin, que je ne dévoilerai pas ici, me questionne elle aussi encore et toujours tant elle me parait autant ambigüe que juste.
Passion, c'est un film que je n'aurai de cesse de revisionner malgré ses faiblesses tant ses questionnements m'ont touchés, tant elles me fascinent. Une œuvre parfaitement raccord avec son titre, que je recommande passionnément.