Heureusement que le titre nous avait prévenu, car Passionless Moments ("Moments sans passion") est une suite d'instants futiles captés chez dix sujets différents : une pensée, une question, un quiproquo... Cela pourrait être poétique, tragique ou drôle, selon l'angle d'attaque de la réalisatrice, or elle semble décidée à ne rien en faire, seulement à monter ces brins de vie à la chaîne avec une horrible voix-off en guise de voix mentale interne au personnage. On ne voit pas le but de chaque scénette, on ne ressent rien de particulier, on ne réfléchit même pas, on est typiquement un public de publicité télévisuelle (et encore, certaines pubs sont drôles). Le noir et blanc ne sert à rien (d'un point de vue esthétique comme narratif), les intertitres sont pénibles car ils coupent les séquences au hachoir et ont des titres à rallonge qui décrivent le plus didactiquement possible la scène qui suit. Jane Campion a beau avoir cartonné avec son sublime La Leçon de piano (qui nous a poussé à voir le reste de sa filmographie), on déchante totalement avec quelques-unes de ses premières œuvres, telle Passionless Moments, inintéressante.