I now renounce you
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le 15 déc. 2023
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Malgré quelques petits moments moins passionnants et une construction assez linéaire, voilà un film qui m'a beaucoup touché. On a (presque?) tous eu un premier amour dans notre jeunesse. Celui-ci reste gravé dans un coin de notre cœur. Pour la plupart d'entre nous, on a pu passer à autre chose, parce que ce premier amour a pu se vivre et s'est terminé naturellement, comme se terminent beaucoup d'histoires d'amour, et dans ce cas, c'est juste un souvenir, heureux ou malheureux. Mais quand il n'a pas pu se vivre normalement, et dans ce cas, il peut rester dans notre tête et notre cœur comme un goût d'inachevé. Il reste alors comme un vide affectif quelque part au fond de nous.
C'est ce deuxième cas qui sert de trame au film. Enfants, en Corée, nos deux protagonistes étaient les meilleurs amis du monde, mais ils ont été séparés juste au moment de l'éclosion d'un sentiment amoureux l'un envers l'autre. Elle est alors partie au Canada avec sa famille, lui est resté en Corée. Séparation brutale et mal vécue. En reprenant contact des années plus tard, comment pourront-ils achever l'inachevé ?
En effet, quand les premiers réseaux sociaux font une entrée fracassante dans le monde au début du 21e siècle, ils reprennent momentanément contact, comme nous l'avons tous fait avec d'anciens camarades, mais avec des échanges suivis . Mais au bout d'un temps, notamment pour se concentrer sur ses ambitions professionnelles, elle y met fin. Dans les années qui suivent, chacun vit ses histoires d'amour. Mais un jour, situé à notre époque, il annonce sa visite à New york, où elle habite avec son mari. Lui, par contre, est redevenu célibataire. Le film décrit alors le choc culturel et sentimental qui les percute violemment pendant les quelques jours de sa présence aux USA.
Personnellement, j'ai pu ressentir le trouble profond qui devait les habiter tous les deux. C'est la grande réussite du film. Je devrais même dire "tous les trois", car le mari de l'héroïne est aussi un personnage intéressant. Il comprend ce que son épouse est en train de vivre, et ne s'interpose pas. Sans doute se dit-il qu'il doit la laisser achever ce cycle amoureux qui n'avait pas pu trouver un aboutissement. Et cette confiance qu'il lui porte, malgré la présence d'un rival revenu d'une autre vie, est très touchante.
Quand je parlais de choc culturel, c'est notamment parce que si elle parle encore le coréen, l'héroïne inventée (mais est-ce vraiment une invention de la part de la réalisatrice, Celine Song, d'origine coréenne elle aussi?) dans l'histoire est devenue une américaine comme une autre. Cela me semble avoir d'emblée mené à une certaine incompréhension entre les amis d'enfance. Par exemple, quand elle l'embrasse lors de leurs retrouvailles, c'est un "hug" américain très classique, mais lui, il n'a pas l'air de savoir comment interpréter ce geste.
En conclusion, j'ai apprécié cette histoire entre ces deux êtres qui vont devoir conclure une histoire d'amour interrompue brutalement par des circonstances indépendantes de leur volonté. Elle montre bien que tourner certaines pages ne se fait pas sans douleur. Celine Song en profite aussi pour aborder une thématique récurrente en Corée, celle du "inyeon", un mot qui pourrait se traduire par "destin", même s'il y a des nuances par rapport au terme français. Et si tout ce que nous vivons dépendait d'une trace prévue d'avance pour nous dans cet univers?
Créée
le 18 oct. 2024
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