Sam Peckinpah est capable du meilleur comme du pire. En 69, George Roy Hill s’était déjà attaqué au mythe de Billy the Kid avec Butch Cassidy et le Kid. Inutile de le dire, ce n’était pas très réussi (vu l'année dernière, j'avais mis 6). Ici, Peckinpah associe le Kid à un autre personnage du far west : Pat Garrett. Et on va aller de déception en déception … D’abord, un scénario d’une telle simplicité que tout est prévisible (ou presque).
Pat Garrett (James Coburn), qui était ami avec le Kid, qui était comme un père, comme un mentor pour lui a changé de camp. Il est maintenant du côté de la loi. Et il a décidé d’arrêter son ancien protégé (Kris Kristofferson). Mais ils savent tous les deux qu’il ne se laissera pas prendre vivant …
Ce que décide de faire ici Peckinpah, on le comprend aisément, c’est inverser les rôles : rendre les hors la loi sympas en prenant le sympathique chanteur dans le rôle du Kid et les hommes de lois pas sympas en prenant Coburn (qui a l’habitude de jouer des méchants) dans le rôle du sherif Garrett.
La première erreur de ce film : la scène du début est une scène de fin. On a le droit à une fusillade dans une maison cernée. Le Kid va perdre ses hommes les uns après les autres. La fusillade est en soi fort sympathique, mais la placer là est une erreur scénaristique majeure. On le comprend donc dans la volonté de Peckinpah de surprendre. Non pas dans la scénario, mais en brouillant les codes. Car le réalisateur ne se contente pas d’un seul chanteur. Bob Dylan fait lui aussi partie du projet. Il est assigné à un rôle mineur, mais le rôle d’un méchant. D’un méchant certes assez effacé et peu bavard, mais d’un méchant quand même. On se demande d’ailleurs l’intérêt d’avoir Bob Dylan dans le film si c’est pour l’utiliser aussi mal (Peckinpah lui fait lire notamment des étiquettes de boites de conserve …) (à un moment tout de même il lancera un couteau de manière fort habile). Ajoutons qu’il ne se contente pas de montrer sa gueule : sa musique est omniprésente dans le film, jusqu’à l’écœurement.
Le sherif Garrett se mettra donc à la poursuite du Kid, mais une poursuite tellement lente, sans aucun suspens, sans aucune palpitation. Les meilleures scènes sont clairement au début du film. Notamment celle où le Kid se libère alors qu’il a été arrêté et qu’on s’apprête à le pendre. La fin, au lieu d’être en apothéose sera dans une demi-molle à l’image de son personnage qui se fait descendre alors qu’il vient de tirer un coup. Son dernier. Un film donc largement surnoté sur senscritique et qui va aller rejoindre la liste de films surnotés/surcôtés. Si vous voulez du spectaculaire avec une histoire de mentor qui traque sa créature, je vous conseille bien évidemment l’excellente série Godless déjà critiquée ici ou encore la récente American Primeval.
5,5/10