Un western «crépusculaire» et un Peckinpah en grande forme.
Le changement opéré des années 70, montrent que le western peut varier les fonds avec bonheur nous transportant même dans une sorte de fantasme où les cowboys solitaires mais valeureux n’auraient peut-être pas vraiment existés. Une ambiance poussièreuse et sale où le mythe est sacrifié. Il est question de ces grands espaces voués à disparaître, de la fin d’une certaine liberté, où les fantômes héroïques n'ont plus de prise sur le progrès et l'injustice qu'il révèle. Mais Peckinpah nous parle surtout d'amitié et des liens qui unissent nos deux héros,
Pat Garrett, devenu shérif, devra traquer son ami Billy the Kid, célèbre hors-la-loi, suite à la demande de Chisum, à la solde de grands propriétaires.
Billy ne veut pas fuir, il sera arrêté, s’enfuit et commencera la traque croisée de Garrett et des hommes de mains de Chisum.
Mais c’est à contrecœur qu'il mènera sa tâche, prenant tout son temps pour le poursuivre, repoussant le moment fatidique.
Vieillissant, fatigué, Garrett finira par se fourvoyer lui-même et finalement, trahir ses idéaux. Il devra s’oublier et faire un trait sur sa jeunesse et par là même sur celui qui la symbolise encore, Billy, qui lui, décidera de lutter jusqu’à sa perte avec une certaine insouciance. Ces deux caractéristiques, servis judicieusement d’ailleurs par le morceau «The Times They Are Changin» de Dylan, donnent le ton au film, amer et réaliste. Peckinpah se concentre entre scènes lumineuses et celles filmées à l'aube ou au crépuscule pour appuyer son sujet. Entre plans serrés et plans savants englobant l’ensemble de la scène, le film est dynamique malgré son rythme lent et désœuvré.
Un souffle poétique où Peckinpah nous sert des longs plans immobiles nous laissant à notre réflexion, rattrapés par ces moments bien plus sombres. Près de la rivière un homme meurt avec ses rêves de voyages ; chacun s’arrange pour vivre comme il peut, et n’hésite pas à tirer dans le dos de son adversaire et les femmes sont maltraitées...
Pourtant, la mise en scène de Peckinpah offre des moments joyeux. Celle de lecture des pots de conserve lorsque Garrett essaie de se débarrasser des hommes de main où la récitation de l'inventaire prête à sourire sur une situation tendue. Celle de la baignoire et de la détente salvatrice tant attendue ou encore le monologue du "papy", dont tout le monde se fout lorsqu'il accueille le Kid pourchassé, assurent ces instants d’humour décalés. Et le rôle étonnant de Dylan, transparent, comme simple témoin du drame qui se joue.
L.Q. Jones, Slim Pickens, Jason Robards,R.G. Armstrong, Harry Dean Staton, complètent le casting. kris kristofferson n’ayant à l’actif qu’un seul film est parfait et James Coburn tout en flegme pousse à la nostalgie. John Coquillon (Osterman week-end, les chiens de paille…) signe une belle photographie, qui rajoute à la puissance du film, notamment la scène finale, où Garrett tire sa révérence à l’aube, et où la révolte n’en est pas encore finie, à l’image de ce garçon qui lui enverra des pierres sur son passage.