Si le premier long métrage du jeune réalisateur italien Simone Bozzelli s'intitule Patagonia, ce n'est pour indiquer le lieu de son action, profondément ancrée, en réalité, dans la région des Abruzzes, mais pour évoquer un endroit rêvé par ses deux principaux protagonistes, là "où les gens vivent tous heureux." C'est l'Italie des oubliés, de ceux et celles qui vivent en marge de la société, par choix, la plupart du temps, que documente le cinéaste, dans une œuvre qui n'est pas sans rappeler celles d'Alice Rohrwacher. Un film qui raconte une relation entre deux hommes dont on ne nous dit pas jusqu'où va sa toxicité, de par l'ambivalence du regard qui lui est porté, souvent rude mais parfois aussi tendre. Certaines scènes créent le malaise dans un rapport de domination exercé auprès de quelqu'un dont on perçoit le probable handicap mental, quoique Simone Bozzelli laisse planer quelques incertitudes sur le sujet. Un peu languissant dans son rythme, pas très convaincant en son dénouement et trop flou sur certaines situations ou personnages secondaires, Patagonia reste en deçà de ses promesses, malgré une qualité certaine de l'interprétation et une vraie capacité à installer une atmosphère fortement ambiguë.