Patéma et le Monde inversé par TiggerLilly

Suite à une expérience scientifique ratée, la loi de la gravité n'en fait qu'à sa tête, condamnant une partie de l'humanité à vivre la tête en bas. Pour éviter de s'envoler, ces gens vivent sous terre, où ils ont aménagé des espaces qui sont à l'endroit pour eux. C'est là que l'on retrouve Patéma, jeune fille aventureuse à qui l'on cache la vérité : elle ne sait rien du monde d'en haut. Jusqu'à ce que suite à une de ses explorations elle tombe dans un trou … qui la fait plonger droit à la surface. Là, elle va rencontrer Age, jeune homme du monde d'en haut.

Ayant de plus en plus de mal avec le cinéma d'animation occidental, que je trouve stéréotypé dans des histoires banales qui ont tendance à se ressembler, je me jette sur les rares films d'animation japonais qui sortent au cinéma.

Celui-ci fut une vertigineuse découverte. Il n'est certes pas exempt de défauts : il est manichéen ; la relation entre Patéma et Age est une classique histoire d'amour d'ado. On pourra éventuellement reprocher au film de reprendre l'idée du film Upside Down sorti l'année dernière et que j'avais soigneusement évité malgré l'originalité de l'idée car il avait l'air particulièrement nul. Pas de sentiment de déjà-vu pour moi, donc.

Mais je disais donc que c'était une vertigineuse découverte.

D'abord l'idée donne lieu à d'étourdissantes scènes où les personnages tombent vers le haut, avec de magnifiques images. C'est beau de « tomber dans le ciel ». Sans vous dévoiler l'intrigue, tout cela est plus compliqué qu'il n'y parait au premier abord. Le spectateur finit par être quelque peu désorienté. Qui est à l'endroit ? Qui est à l'envers ? Un peu comme- je ne sais pas si cela vous arrive, mais à moi bien souvent– quand on descend dans une station de métro avec un quai au milieu des voies toujours par la même entrée, à tel point que l'on connaît par cœur de quelque côté on doit se rendre pour prendre le métro dans le bon sens et puis qu'un jour on entre par un autre côté et on se rend compte que le côté vers lequel on se dirige n'est pas le bon. Je ne sais pas si c'est très clair, mais bon bref, c'est l'idée : certains moments dans le film me donnait la même impression de ne plus savoir où je me trouvais.

Ensuite le monde d'en haut est très intéressant : il s'agit d'une dictature postapocalyptique puisqu'elle s'est mise peu à peu en place après la catastrophe. Tout y est bien rangé. Littéralement les gens y sont maintenus dans le droit chemin : les élèves vont à l'école en se mettant sur un tapis roulant qui les emmène à bon port. Les salles de classe sont tristement ordonnées : chaque banc y est parfaitement droit et propre, tout est très carré. Lorsque Age baille aux corneilles en regardant par la fenêtre, le store de la fenêtre est baissé en guise de punition. Les policiers sont masqués (avec un casque à la Dark Vador). Le monde d'en bas est diabolisé : ceux qui vivent en bas sont des âmes perdues, les descendants des scientifiques qui ont causé la catastrophe et de ce fait méritent bien ce qui leur arrive. C'est très manichéen mais ce qui est intéressant c'est comment le réalisateur montre cet environnement : l'idée du tapis roulant est exemplaire à ce point de vue.

Je vous conseille d'aller voir ce petit film d'animation qui ne paie pas de mine mais qui amène des réflexions intéressantes , nous montre des images renversantes (avec quelques scènes postapo et de ruines envahies par la végétation) tout en nous contant une belle histoire d'amour et d'amitié entre deux êtres qui ne peuvent voir le monde de la même façon. C'est pour les adultes et les ados:à mon avis, les enfants ne comprendront rien à l'histoire.

Laissez-vous tomber dans le ciel, vous ne le regretterez pas.

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