Première réalisation pour Grand Corps Malade, slameur bien connu et fan des voyages en train, en collaboration avec son ami Medhi Idir.
Je suis allé le voir avec une certaine appréhension, le handicap au cinéma c'est quelque chose qui me met vite mal à l'aise. Heureusement mes craintes se sont vite dissipées!
Vu le sujet il aurait été facile de tomber dans le larmoyant à l'excès et les clichés tous plus gênants les uns que les autres que l'on connait tous. Mais GCM fait le décalage grâce à un talent d'écriture exceptionnel, le film est bourré de moments drôles du début à la fin. L'humour employé est souvent noir ou second degré mais il arrive toujours quand il est nécessaire d’alléger un peu l'atmosphère du film.
Le récit ne quitte jamais ou presque le centre de rééducation qui lui sert de décor, celui-ci devenant un véritable monde à part où vivent des personnages à l'écart de la société, perdant souvent espoir, se demandant de quoi sera fait leur avenir mais faisant preuve d'une solidarité sans limites.
On y suit la rééducation pas à pas de Ben (Paulo Pauly), personnage grandement inspiré du vécu de GCM, allant jusqu'à présenter une troublante ressemblance physique avec celui-ci au fil des minutes. Le rôle était casse gueule mais Pauly trouve toujours le ton juste, entre sarcasme et perplexité face à un combat qui le dépasse complètement au début.
Les autres acteurs ne déméritent pas non plus, certes présentant chacun un trait de caractère bien défini, mais encore une fois sans tomber dans la surenchère.
Cette histoire est clairement ancrée dans les années 90, retranscrites à merveille, les nostalgiques souriront plus d'une fois (BO très sympa, avec du NTM notamment) et un soin particulier à été apporté aux éclairages, évitant au film d'être visuellement monotone dans un décor inévitablement froid.
Un film à découvrir d'urgence, loin des clichés et de l'édulcoration niaise que l'on nous sert bien trop souvent quand un sujet "sensible" est abordé!