Pattes blanches par inspecteurmorvandieu

En Bretagne, dans un village de bord de mer, un aubergiste loge sa "nièce" Odette, jeune femme sensuelle et pas farouche (Suzy Delair) qui éveille les passions de quelques uns.

Le film de Jean Grémillon semble se dérouler au bout du monde, dans un lieu étrange aux confins de la réalité qui introduit, autant que les principaux personnages, une impression de noirceur morale et sociale. Cette atmosphère très singulière fait tout l'intérêt du film, au moins dans sa première partie. La méchanceté et la brusquerie, la discorde, la concupiscence sont les sentiments les plus manifestes parmi les quelques personnages énigmatiques -car leur passé est flou et on ignore les secrets qui entretiennent l'animosité.

Le film, dans son développement mélodramatique, est assez déroutant, surtout quand il prend un caractère qui l'entraine vers le conte maléfique ou fantastique. Au centre de l'antagonisme entre l'aubergiste, le chatelain désargenté surnommé "Pattes blanches" et un jeune homme alcoolique du village (Michel Bouquet, à peine reconnaissable si maigre et si jeune), les deux figures féminines, Odette et la servante de l'auberge, semblent prendre un sens allégorique. J'avoue que je me suis senti un peu perdu dans la seconde partie du film, laquelle s'éloigne toujours davantage de la représentation réaliste d'une simple querelle de village.

Il reste que Jean Grémillon a su donner une réel style et un ton à part à sa réalisation. A défaut de nous en donner les clés.