Quand on évoque la Seconde guerre mondiale du côté américain, un des premiers noms qui ressort souvent est celui de George Smith Patton. Général "quatre étoiles" le plus médiatisé et le plus controversé de l’histoire américaine mais sûrement le plus humain et l’un des plus impliqués. D’ailleurs, il ne le cache pas : il aime se battre, il aime l’affrontement direct, il aime la guerre tout simplement. C’est un général offensif, qui ne laisse pas respirer l’adversaire, ne supportant aucunement l’attente ou le repli. « Accepte les défis afin que tu puisses sentir l'euphorie de la victoire.»
Egalement fin tacticien et stratège, il met au point des techniques redoutables (il fera des livres d’instruction sur les blindés et sera aussi formateur) pour surprendre l’ennemi avec cette discipline qu’on lui connait, qui marquera ses hommes et forgera sa légende dans l’histoire.
Il marquera également de son empreinte par ses discours agressifs, prenants et très motivants ainsi que par ses succès retentissants importants et décisifs.
Son égo démesuré et sa soif de gloire feront de lui un général indispensable pour la victoire.
Même mis sur la touche après l’épisode des "gifles" en Sicile, il servira à faire diversion pour l’entrée des américains en France lors du débarquement de Normandie le 6 Juin 1944. En effet, les Allemands s’attendaient à voir l’armée de Patton en première ligne.
S’il préserve et montre cette image d’homme dur et sans pitié en public, il sait se montrer émotif en privé ou quand il rend visite à ses hommes dans les hôpitaux.
N’ayant jamais accéder au rang supérieur de général "cinq étoiles" car il ne savait pas se taire comme disait Dwight Eisenhower, commandant en chef suprême des forces alliés en Europe (SHAEF), il restera tout de même un des généraux les plus appréciés de l’histoire américaine.
Franklin J.Schaffner (Papillon) a donc eu la bonne idée de faire un biopic sur ce personnage haut en couleur, puisque le film est une réussite totale.
Démarrant par une scène dantesque introduisant le personnage de façon remarquable (ce monologue culte de 5 minutes où l’on voit, en plan fixe, le général derrière un énorme drapeau américain parlant et dictant la conduite sur le front qu'il attend de ses hommes sans qu’on les aperçoivent directement), Patton sera par la suite plus classique dans sa réalisation (même si elle est propre), n’étant pas pour autant un défaut car le scénario, incluant des événements de sa vie assez spectaculaires et peu communs entre 1942 et 1945, est tellement riche et intéressant qu’il comble ce manque de surprise dans une mise en scène plutôt académique.
Outre le scénario efficace, le jeu d’acteur est aussi irréprochable. George C.Scott, qui interprète Patton, est juste exceptionnel. J’ai rarement vu une performance d’acteur aussi puissante et précise comme celle la. Et que dire de sa voix en version originale. Ayant vu des vidéos du vrai Patton, je l’a trouve encore mieux que ce dernier. Elle colle plus avec le personnage qu’on se fait de lui à travers les livres et les médias de l’époque.
Il correspond donc parfaitement au rôle et remportera l’oscar qu’il refusera, n’aimant pas cette concurrence entre les acteurs.
Autre très bonne interprétation, celle de Karl Malden dans le rôle du général "cinq étoiles" Omar Bradley. Ces deux-là s’apprécieront en façade mais seront en conflit plus d’une fois.
Patton lui reprochera notamment son coté tempéré, plus gestionnaire et moins offensif.
Plus globalement, le film s’inscrit dans un cadre historique fidèle à la réalité avec un travail de reconstitution considérable et soigné. On suit le parcours de cette personnalité insolite, de la campagne de Tunisie (Bataille de Kasserine) aux Ardennes (Bastogne) en passant par la Sicile (opération Torch), l’Angleterre et la Normandie.
Evidemment, si l’on aime ce genre de personnage à fort caractère, visionner le film durant 2h45 est forcement un régal. Ce qui est mon cas.
Encore une fois, peu de notes et c’est regrettable car Patton est un GRAND film, à l’image de cette figure emblématique de l’armée américaine dont on se souviendra longtemps pour ses idées et sa stratégie au combat notamment.
« Il y a des moments où il est bon d’écouter sa peur et d’autres où il est plus sage de faire comme si elle n’existait pas. »
Note générale : 8,5/10