Grâce à un scénario riche et intelligent, Franklin Schaffner réussit une évocation militaire du général Patton, avec ses contradictions, ses excès et son génie, sans pour autant le juger, le condamner ou le glorifier. Francis Ford Coppola, co-auteur du scénario, impose un portrait farouche et passionné, hésitant entre le militaire belliciste et le soldat visionnaire, en tout cas un homme d'exception, un de ces héros complexes qui ont toujours excité l'imagination des scénaristes et des réalisateurs hollywoodiens. Schaffner ne cache pas dès les premières images, la fascination qu'exerce sur lui la figure de Patton, sorte de condottiere de la Renaissance égaré au 20ème siècle. A ce titre, le discours du célèbre général qui ouvre le film, où il est dos à un immense drapeau américain, est assez révélateur ; c'est un fabuleux morceau de bravoure qui impose d'un coup au spectateur la personnalité arrogante et très directe de Patton. On peut aussi déceler une préfiguration du colonel Kurtz que Coppola introduira dans son film Apocalypse now.
Le réalisateur sait parfaitement équilibrer les scènes de guerre avec les scènes d'état-major ou psychologiques sans que l'une ou l'autre ne prennent trop d'importance. Le film est ainsi tout à la fois une réflexion passionnante sur la guerre et la politique, ainsi qu'une remarquable leçon d'Histoire où George C. Scott trouve le rôle de sa vie en incarnant de façon saisissante et presque habitée son personnage démesuré et excessif, et pour lequel il reçut l'Oscar qu'il refusa. A ses côtés, on reconnait Karl Malden dans le rôle du général Omar Bradley qui fut le seul appréciant et comprenant la conduite de Patton ; à signaler enfin l'excellente musique de Jerry Goldsmith qui fait jouer une grosse section de cuivres au ton très militaire et martial.