"[...]et toutes ces conneries...même pas originales..."

Je dois reconnaître une chose, j'adore le visage d'Anaïs Demoustier. J'espère un jour voir sa carrière décoller juste pour voir se multiplier ainsi les occasions d'en apprécier les traits. D'autant qu'elle me semble de plus avoir un jeu fort juste généralement, en tout cas du peu que j'en ai vu jusque maintenant.

Au contraire de l'actrice, la réalisatrice m'inspire de façon bien moindre. Je ne le cacherai pas non plus j'ai horreur du cinéma de Céline Sciamma. Il en ressort pour moi quelque chose qui se donne surtout des grands airs mais qui ne me convainc jamais. Elle a pour moi la démarche d'un photographe : elle voit, elle capture. Mais elle ne fait rien d'autre. Je lui vois ce talent de savoir choisir des sujets qui font polémique mais je la vois chaque fois se contenter de nous peindre un tableau, une histoire de tous les jours d'un personnage qui y a trait, mais sans jamais aller plus loin dans son sujet, sans jamais - je trouve - savoir approfondir son propos ou prendre une quelconque position. Un travail de photographe, donc, tandis que je veux voir un film...

Je ne la jugeais jusqu'à présent que sur son travail sur ses deux ouvres majeurs : La naissance des pieuvres et Tomboy. L'un comme l'autre ont pu connaître un certain succès critique, l'un comme l'autre m'ont ennuyé à mourir. Me montrant la vie de tous les jours de gamines qui, malheur, sont en recherche de leur identité sexuelle. Dans les mains de certains, ça pourrait donner des films poignant. Dans les mains de celle-ci, ça donne un truc plaqué sur la réalité ou même d'avantage sur ses stéréotypes, ça manque de rythme, ça manque de vie. Bref ça m'ennuie.
Le premier ne m'aura marqué que pour sa musique - qui me reste parfois dans les oreilles - le second m'aura donné la mauvaise surprise de s'arrêter au moment où les choses auraient pu avoir vraiment un commencement d'une once d’intérêt pour moi.

C'est peut-être moi ? Je ne suis peut-être pas fait pour apprécier tout son talent artistique...
Allez, Anaïs Demoustier dans un court métrage de prés de dix minutes, je vais re-gouter un peu de Sciamma juste pour me confronter un peu à ça.

Pauline nous met donc en scène la ravissante actrice, allongée sur le coté et sur un lit, regardant la caméra et narrant l'histoire de son personnage.

Pour les points positifs, je renvoie à mon paragraphe sur Anaïs Demoustier.
Maintenant le reste : l'histoire racontée nous livre une espèce d'accumulation indigeste de clichés pitoyables pour montrer combien la vie a été dure pour ce malheureux personnage :
Les gens qui se moque ? done
L'amour qui tourne le dos ? done
Le mec qui salit ? done
le déplaisir avec un gars ? done
les parents pas contents ? done
L'ami des parents qui se moque d'elle en publique et de façon vulgaire ? (oui en plus elle va chercher loin pour montrer combien son personnage est malmené par la vie du fait de son orientation sexuelle)
je vais arrêter la liste ici, je n'ai pas pour ambition de faire le même travail que Céline Sciamma.

L'histoire se veut triste, elle devient pour moi pitoyable en accumulant autant de clichés et un tel manque de subtilité.
Attention je ne dis pas que l'intention au départ n'était pas louable et je suis sûr que certains ont pu connaître dans leur vie nombreux de ces malheurs. Ce que je dis c'est que si j'étais moi-même homosexuel, je me sentirais presque insulté devant une telle accumulation bête et méchante de ces clichés, comme s'il fallait peindre de moi un tableau si pitoyable pour vaincre une tare humaine (je parle bien sûr de l'homophobie)

Si au moins il y avait un truc pour relever le tout, un élément positif pour donner un peu plus de goût au reste !
La fin ? ah oui, tiens.... encore un bon cliché d'ailleurs, non ?

je ne m'arrêterai même pas sur la forme. Ambiance confessionnal à juste filmer une actrice déverser son texte... C'est d'une richesse...
Non sans rire ça pourrait être une bonne idée, avec cette impression de confidence et pourquoi pas un peu de délivrance pour le personnage en trouvant chez nous une oreille... Mais enfin pour trouver ça faut pas se fouler une cheville quoi...
Au moins l'actrice est bien choisie, merci Céline Sciamma.