Bonne représentation du patriarcat qui assujettie, enferme et domine les femmes dans tous les sens du terme.
J’ai trouvé très dérangeante l’approche de ce vieux mec vers une femme-enfant, très immature voire quasi-retardée, dont il abuse en profitant du handicap. La scène d’agression sexuelle dans l’armoire, teintée de pédocriminalité (oui oui, car elle se comporte manifestement comme une enfant, et qu’elle en est mentalement une) est difficilement supportable à regarder.
Je comprends c’est pour dénoncer, mais dans ce cas il faut le faire de manière plus franche et mettre un mot dessus, qu’un personnage le dénonce; car on finit par presque croire à la réciprocité de cette relation ô combien asymétrique.
Autres trucs dérangeants et pas réalistes : les scènes beaucoup trop longues où elle est censée découvrir son corps et sa sexualité. Déjà, aucun.e enfant qui se masturbe pour la première fois ne se pénètre et jouit : c’est avoir une représentation très hétéropatriarcale et pénétro-centrée de la sexualité d’une très jeune fille.
D’autre part, les plans à rallonge sur ses pieds, sur son visage qui jouit, sur sa bouche, ect….stop. Encore une fois, c’est une gamine qui découvre son corps. Faut arrêter la fétichisation et l’hypersexualisation d’un personnage féminin qui est à ce stade du film encore une enfant. C’est juste super cringe. Y’a aucune utilité scénaristique à tant insister sur ça.
De même que toutes les scènes de cul bien hétéronormées, où on veut nous faire croire que dès la première fois ce qu’elle adore c’est se faire défoncer dans toutes les positions; sont là pour plaire au spectateur - souvent masculin - qui sera ravi de voir Emma Stone impliquée dans trois levrettes différentes; dont je ne vois pas l’intérêt, à part pornographique. Bref, ça se ressent que ça a été majoritairement réalisé par un homme.
À part cela, des vrais sujets politiques auraient pu être plus creusés : le privilège et les inégalités sociales, le socialisme (faire dire 2 remarques clichées à un personnage racisé ça suffit pas), sa relation avec l’autre prostituée (on sent que quand c’est deux femmes qui relationnent on élague et passe rapidement à autre chose).
L’évolution de son personnage a été trop rapide à mon goût, on la voit rentrer à la maison close encore très immature et en ressortir en tant que femme accomplie sachant bien parler et se tenir. Doit-on comprendre que ce sont ses multiples relations sexuelles avec des hommes qui l’auraient fait mûrir et transformée ?
L’intrigue autour du secret à propos de qui elle est, et de sa découverte, aurait pu être plus creusé aussi. Une réaction de sa part aurait été la bienvenue. Quitte à être voyeuriste dans le charnel, autant l’être aussi dans l’émotionnel.
En revanche, les costumes et décors sont époustouflants. Mais ça suffit pas pour faire un film, qui plus est de 2h30.
Je rajoute qu’un TW devrait être mis en début de film, car certaines scènes sont difficiles à regarder pour un public non-averti.
À voir pour se faire son propre avis.