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Lien vers le Director's Cut Payback: Straight Up:
https://www.senscritique.com/film/Payback_Straight_Up/critique/132158353
Petit film dans la carrière de Gibson (surtout après son mega-hit Braveheart, en 1995), Payback existe pourtant sous deux formes assez distinctes l'une de l'autre:
La version cinéma (97') et la version dite "Straight Up" (Director's Cut, 90').
Nous parlerons donc ici de la version cinéma.
je passe sur la genèse, puisque je la détaille déjà dans la critique concernant le Director's Cut
On en arrive donc au tournage.
Celui-ci se déroule sans anicroche, mais lorsque la Warner et Gibson lui-même voit le produit fini, c'est le branle-bas de combat: le film est trop sombre et trop violent. Il ne peut donc sortir en l'état.
Il est décidé que le film doit subir quelques retouches et le scénario est partiellement réécrit par Terry Hayes (Road Warrior aka Mad Max 2).
Gibson demande avec fair-play si Helgeland peut se charger des reshoots, mais celui-ci décline l'offre. Pour lui le film est tel qu'il voulait qu'il soit.
Il faut donc trouver un remplaçant à Helgeland et là, c'est un peu trouble quant à donner la paternité des nouvelles scènes: Gibson indiqua bien plus tard que ce fut l’œuvre de John Myrhe (le production designer du film), mais un certain Paul Abascal revendiqua son implication dans ces reshoots...
Concrètement, ça donne quoi?
La Version Cinéma nous décrit un Porter "cool" dont toutes ses actions sont justifiés. C'est un anti-héros "positif", dans la tradition hollywoodienne.
Et héroïque est son comportement, face à la torture initiée par Bronson (Kris Kristofferson) et Fairfax (James Coburn).
Bref, c'est un Porter aseptisé dans un film aseptisé (toute proportions gardées), agrémenté du filtre bleu gommant la couleur du sang (moins agressif visuellement) et baignant le film dans un univers atonal. On aime ou on aime pas.
Perso, je n'aime pas.
Ça sonne un peu comme un "flou artistique" noyant le film sous un voile "pudique".
Le final - pour coller au style "anti-héros sympa" - est donc totalement remanié:
Porter survit à la torture puis envoie Bronson - devenu un homme (donc un cliché) puissant et crain t- chercher son fils kidnappé, dans son appartement. Appartement où ne se trouve pas le fils Bronson, mais la bombe reliée au téléphone, placée là par un de ses propres hommes (la com chez les gangsters, c'est pas encore ça!).
Big Boom Badaboom ! Bronson, Fairfax et ses hommes sont envoyés sur orbite, tandis que Porter va récupérer sa "promise" et son chien.
Le chien, parlons-en!
Dans ce montage plus commercial, Val (Gregg Henry) tire dans la tête du chien (qui s'appelle ironiquement Porter, comme le perso principal, donc), puis celui-ci réapparait la scène suivante, avec un bandage autour de la poitrine (!).
La logique Hollywoodienne dans toute sa splendeur, donc!
Les deux versions sont agréables au demeurant, mais vous l'aurez compris, ma préférence va nettement au DC, qu'à la version Nice Guy sortie au ciné!
Une intéressante leçon de cinéma que l'existence de ces deux versions différentes d'un même film.
Faites votre choix!