La musique de films, c’est une émotion à fleur de peau, un sentiment qui nous traverse.
Elle nous permet de tressaillir, d’être envoûter, de goûter au plaisir, et souvent d’être au plus proche des personnages. Elle permet de nous immerger. Elle nous permet d’être au premier rang. Pour nous rendre fier. Pour nous scotcher à l’image. Pour nous glorifier.
Elle nous procure du plaisir, un dégoût, elle peut se faire orgueilleuse, électrique, viscérale, entêtante. Parfois, elle nous oublie, même. Elle peut être banale. Souvent, elle s’appose sur la pellicule (et donc la mise en scène) pour donner une force au métrage. Elle peut être également anodine, lourde, voir grossière.
La musique de films, dans certains cas, peut donner une âme au métrage, une seconde vie, une seconde chance.
La musique de films est avant tout une ode au septième art, une épopée qui a débutée à l’aube de l’art qui l’a créé : le cinéma.
Pour continuer sur ma lancée de l’aventure (comme toujours !), je m’immerge dans le documentaire suivant, « Les pionniers de la musique de films, le son de l’Europe pour Hollywood », enregistré le 25/02/24 sur Arte.
Ou quand nous est raconté l’émergence de la musique de films par des révolutionnaires de la musique pour le cinéma via le parcours d’émigration d’européens en Amérique, à commencer par le viennois Max Steiner, de l’austro-hongrois Erich Wolfgang Korngold et du polonais Franz Waxman (qui ont tous les trois travaillés pour les frères Warner !) Le tout, pour aboutir à des anecdotes lancés par un compositeur passé à la renommée mondiale grâce à Hans Zimmer, Ramin Djawadi.
Un très beau documentaire bien nourri pour qui cinéma rime avec musique. Amis compositeurs, à vos baguettes !
C’est sur cette petite musique et ces notes rondes que j’écris une partition en l’honneur d’un célèbre compositeur allemand, un certain Hans Zimmer, par un documentaire que j’avais enregistré en mai 2023 : « Hans Zimmer, le compositeur d’Hollywood ».
Ici, il ne s’agit en aucun cas d’une biographie sur le compositeur fétiche de Christopher Nolan (« The dark knight », « Interstellar », « Dunkerque ») mais bien d’une leçon de musique à part entière par Monsieur Zimmer. Ainsi que les nombreux témoignages d’autres compositeurs ou réalisateurs (Elton John, John Powell, Frears, Nolan, ...) qui ont côtoyé Hans.
Le doc nous montre bien qu’il est un révolutionnaire de la musique car même si son côté rebelle (dans sa jeunesse) nous est retranscrit, ce sont bien ses notes d’électro-pop grâce à ses instruments de musique (ordi, synthé et autres outils numériques) qu’Hans Zimmer nous explique toute la magie du son de sa musique.
Un documentaire que je recommande donc à 200 % pour tous, amoureux de la musique ou non.
Hans pour un jour, Zimmer pour toujours !
J’en arrive ainsi à « Pearl Harbor » qui a, bien évidemment, été composé par Monsieur l’érudit Hans Zimmer.
Quatrième long-métrage du réalisateur américain natif de Los Angeles Michael Bay, je l’avais vu au cinéma à sa sortie (en été 2001) : j’en avais gardé un bon, même très bon souvenir.
23 ans après, pour mon premier visionnage sur grand écran, « Pearl Harbor », blockbuster historique efficace, a gardé une force de frappe équivalente.
Il faut dire que le film est en osmose avec son sujet.
Son enjeu ? Relater la Bataille d’Angleterre, l’attaque de la base de Pearl Harbor à Hawaï par les japonais ainsi que l’offensive des USA par le largage de bombes sur le sol japonais, le raid Doolitle.
Notons au passage que le scénariste du film n’est autre que Randall Wallace, celui à qui l’on doit le scénario de « Braveheart ».
Résultat ? Un p***** d’bon film ! ...un pari réussi à la sauce Bruckheimer/Touchstone !
Si Michael Bay s’offre un casting luxurius dominé par un trio de missiles endiablé et enivrant (Affleck-Hartnett-Beckinsale) en ne s’attardant aucunement sur la psychologie de ses personnages, c’est bien sur les personnages secondaires, des seconds couteaux affûtés et affutants, que le réalisateur de « Rock » propose une pseudo-dramaturgie au récit. En effet, une armada de gueules cassées laissent le paquebot à flot (Alec Baldwin, Jon Voight, le regretté Tom Sizemore, Dan Akroyd. Jennifer Garner…, William Fichtner -dans une courte apparition !-, et même Cuba Gooding Jr et Michael Shannon, au début de leur carrière respective, tous absolument convaincant à souhait) et nous permettent de nous immerger dans la guerre voulue par Monsieur le réalisateur lui-même.
Car si l’on s’était contenté du monolithisme affleckien, on serait tombé bien bas. Certes, on peut dire que Ben Affleck (s’il joue aujourd’hui dans la cour des grands réalisateurs -« Gone baby gone », « Argo »- et qu’il a débuté scénariste avec Matt Damon pour « Will hunting », le comédien a pu enchaîner les projets : « Armageddon », « Daredevil », « Paychek », « The company men », « Gone girl »...) joue mal, en revanche, le trio qu’il forme avec le jeune loup Josh Hartnett (vu dans « The faculty », « Slevin », et dernièrement chez Nolan pour « Oppenheimer ») et Kate Beckinsale (connue dans le genre du fantastique pour avoir jouée dans la saga « Underworld ») nous procure des moments d’amitiés, de romantisme et de querelles amoureuses savoureux, n’en déplaise aux spectateurs de divertissement que nous sommes.
Alors oui, l’intrigue ne casse pas trois pattes à un nippon (pardon, canard !, …héhé), et l’on ne peut éviter ce patriotisme américain à tout va. Nous pouvons quand même constater que le cinéma du réalisateur de la saga « Transformers » se compense de ce côté là par un assagissements de ses tics de réalisation en arrêtant ses procédés de saccades en nous immergeant dans son histoire en nous ponctuant par ci par là de ces agréable soleils digne des plus beaux films de guerre américains (pensons bien entendu à « Apocalypse now », « Il faut sauver le soldat Ryan », « L’empire du soleil »…) ainsi qu’en nous proposant quelques morceaux de bravoure niveau réalisation avec quelques belles scènes digne de rentrer dans la mémoire collective du septième art. Quand même !
La première, c’est la séquence d’ouverture avec les gamins qui veulent faire voler l’avion du père de l’un des deux marmots (le père est ici William Fichtner -adepte des seconds rôles : « Heat », « En pleine tempête », « Collision » de Paul Haggis, « The dark knight ») et qui y arrivent finalement. Oups !
La deuxième, c’est la scène ultra-réaliste de l’attaque des japonais sur la base de Pearl Harbor : saisissante de réalisme, elle est dantesque, et nos yeux en prennent plein la vue par la violence crue du conflit et de la nervosité du réalisateur de nous livrer une armée d’effets spectaculaires bigrement mis en avant. Boum !
La troisième, c’est lorsque Jon Voight (en étant starifié par Schlesinger avec « Macadam cowboy », sacralisé par Boorman grâce à « Délivrance » et oscarisé par son interprétation sur « Le retour », de Hal Ashby, il devient alors l’acteur le plus en vogue du Nouvel Hollywood qui connaîtra une seconde vague de succès à l’aube des années 2000 : « Heat », « Lara Croft », « Ali »), ombrageux à souhait, dans la peau du président Roosevelt, se lève de son fauteuil roulant et nous assène une leçon de cinéma en terme d’acting : à en frissonner !
Si la mise en scène du réalisateur de « Bad boys » se fait ainsi douce et limpide, c’est pour mieux faire ressortir la musique douce, vivifiante, numérique et arithmétique du célèbre compositeur oscarisé pour « Le roi lion ».
Hans Zimmer aux commandes de cet avion de guerre et d’urgence qu’est « Pearl Harbor », c’est une musique non omniprésente qui permet de nous immerger au plus près des personnages pour un spectacle des plus total.
Non dantesque, parfois minimaliste, éclatant ou abrasant, ce son zimmerien me fait dire que « Pearl Harbor » sans musique, c’est impossible. Si Monsieur le compositeur l’a écrite, c’est bien pour nous la faire entendre, nous faire vibrer, nous faire passer par tous les sentiments : peur, romantisme, honte, fierté… .
Hans Zimmer (compositeur sur « Miss Daisy et son chauffeur », « Jours de tonnerre », « Rangoon » de John Boorman, « Broken arrow » pour John Woo, « Les larmes du soleil », et dernièrement « The son » de Florian Zeller, « The creator »… !) est ici le fer de lance que le producteur sur « American nightmare » a voulu pour lancer sa bombe qui se nomme « Pearl Harbor ».
Pour conclure, « Pearl Harbor »(2001), blockbuster bruckheimerien immersif, est bien ce film de guerre abrasif, rougeoyant et explosif.
Michael Bay (« Armageddon », « The island », « Ambulance ») signe un petit classique du genre et l’un des meilleurs films de guerre des 2000’s.
8 étoiles de guerre sur 10 ; accord parental souhaitable.
Spectateurs, pilotes pour un jour, Bay pour toujours !