Le "Peau de Cochon" de Philippe Katerine, un artiste qui compte de plus en plus dans le paysage sinistré de la France, est un objet (nous ne dirons pas un film, ou alors une sorte de film primitif, d'avant ou d'après le Cinéma) déroutant, à la fois malaisant et réjouissant. Ce qui irrite, c'est que Katerine frôle à plusieurs reprises la pure pose artistique, c'est qu'il y a une indéniable facilité à "chier" ainsi du concept - mais Katerine se rattrape en montrant qu'il n'est pas dupe du piège qui le guette, puisqu'il s'y précipite dans la mémorable scène de la collection des étrons le critique de cinéma Thierry Jousse. Ce qui fatigue aussi, c'est une certaine auto-complaisance dans la médiocrité, voire la perversion... qui n'est d'ailleurs pas éloignée de l'univers musical de Katerine. Mais ce qui rachète largement tout cela, c'est l'indiscutable intelligence, la pertinence d'une vision de la vie redoutablement lucide, que cela soit sur l'enfance et ses fantasmes, sur l'amour et ses trahisons ou sur l'amitié et ses mensonges : cela fait peur.