Pedicab Driver
7.6
Pedicab Driver

Film de Sammo Hung (1989)

Encore novice des films de Sammo Hung bien que connaissant son goût pour les ruptures de ton, je me suis pris une méchante claque. Dès le début ça concentre ce à quoi on aura droit, assistant à un règlement de comptes entre conducteurs de pousse-pousse qui dégénère en un rien de temps à coups de lattes en joignant dans un même mouvement intensité dans les impacts et franches bouffées de rigolade, pour ensuite se calmer vers un intermède gentiment romantique, mais ça ne dure pas... On enquille tout d'abord l'un des plus gros enculés que j'ai pu voir dans ce genre de comédie (il faut le voir reprendre ses biens sans aucune pitié à un couple qui vient juste d'avoir un bébé), puis une seconde partie qui verse plus dans le drame, qui m'a personnellement bien retourné (avec pas moins de deux pics émotionnels), en plus de bien surprendre par la tournure des choses.


On pourrait s'arrêter là, mais Sammo Hung a cette capacité effrontée de redonner du souffle à son film en passant d'une légèreté à fleur de peau, voire très naïve, pour nous surprendre tout de suite après avec une noirceur radicale alliée​ à un féroce humour noir, tout ça parfois sur le même plan, je pense notamment à la séquence de réconciliation amoureuse, mais aussi au fight final où ça se bourre pif comme jamais (on retrouve avec bonheur le badguy déjà impitoyable de Fist of Legend), mais tout en insérant quelques effets comiques sortis de nulle part où j'étais juste crampé de rire (alors que vu le contexte, on n'est pas loin de culpabiliser).


Bref, si j'avais deux mots à retenir de ce film, ce seraient générosité et jusqu'au-boutisme. C'est bien simple, lorsque Sammo Hung fait une chose, il ne le fait jamais à moitié, que ce soit dans les combats, dotés d'un montage percutant avec derrière une hargne perceptible d'en découdre, un savoir-faire maîtrisé et une nouvelle idée tous les deux plans, la comédie (au delà d'une certaine légèreté ça va souvent loin dans les relations interpersonnelles, genre le faux trio amoureux limite incestueux dans l'esprit), et le drame qui, loin de tomber dans le pathos, est révoltant et surtout touchant, révélant une réalité sociale dont le traitement subtil par rapport aux responsables m'a étonné pour le coup. Ainsi, après Tsui Hark et Stephen Chow, je peux désormais ajouter Sammo Hung à la short list des kings des ruptures de ton propres au cinoche HK, mais il en est peut-être le plus intéressant dans la manière de les superposer, limite schizo.

Arnaud_Mercadie
8
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le 7 mai 2017

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Dun

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