Je vais commencer par parler du livre que le film nous montre sur écran.
Plus un enfant, pas encore un adulte, entre Vienne et Venise, dans la nuit froide et pluvieuse d’une petite ville d’Autriche, aux heures où plus rien n’est ouvert, à l’heure ou même les lampadaires publics sont éteints. Une ville qui semble hostile et pourtant ce n’est pas Camala. Il aperçoit des lumières rouges, c’est dans le cimetière sur les tombes, il entre dans ce lieu - le plus accueillant de la petite ville d’Autriche - il se colle à l’abri contre le mur d’un monument funéraire sous le larmier. Il dort un peu et pendant ce sommeil Juan Rulfo s’installe durablement dans son esprit avant qu’il ne le lise des années plus tard.
Puis encore de nombreuses années avant de voir une adaptation théâtrale et enfin un film.
Que ce soit au théâtre ou au cinéma, les phrases du livre de Juan Rulfo, lues et relues m’ont toujours accompagné,
Il ne le connaissait pas ce provocateur de rêves qui entend le tourbillon des feuilles mortes là où il n’y a pas d’arbres, tout comme lui a entendu des murmures inconnus dans ce cimetière où étaient enterrés vivants d’autres fils du Pedro Paramo local.
Et depuis cette nuit peut être son âme le hait-elle pour les mauvais traitements qu’il lui a fait subir,
Juan, t’es-tu délivré de la violence de tes remords?
Et celui dont tu es aussi le père que par hasard la mère qu’est-il devenu ?
Serait-ce …. ?
Ce livre entre rêves et mystères semblait impossible à filmer, comme bien d’autres chefs d’œuvres littéraires, et pourtant on retrouve dans chaque plan un peu de ce mystère...
On se voit dans ce village désiré et désert au Mexique et relisez Pedro Paramo, une prose aussi essentielle que celle de Robert Walser, de Fra,z Kafka, de Marcel Proust ou de d'Halldor Laxness, pour rester dans le 20° siècle