Le film marque le retour de Clint Eastwood à Hollywood après sa période italienne chez Sergio Leone pour la "trilogie des dollars" qui l'a sacré star internationale ; pour lui c'est enfin le triomphe reconnu en tant qu'acteur car c'est son premier film américain en vedette (avant il n'était qu'un second voire un troisième rôle dans des séries B) qui lui permet aussi de retrouver le western, mais un western 100% hollywoodien.
Ted Post est désigné pour réaliser ce western. Plus connu comme réalisateur de télévision, il abordera aussi le grand écran avec au moins 3 réussites : le Secret de la planète des singes en 1970, second volet de la saga, le Merdier en 1978, variation assez burnée sur le Vietnam, et surtout Magnum Force en 1973, second film de la série des "Harry" où il retrouve Clint, et qui passe pour être le meilleur opus de la série. Ici, Post recrée le vieil Ouest avec talent, un Far West légèrement civilisé mais encore sauvage, où l'ami Clint, lynché par erreur, et sauvé in extremis, décide de devenir marshall fédéral par vengeance. Le film cherche en effet à dénoncer les méthodes radicales de pendaison et de lynchage appliquées dans l'Ouest à la fin du XIXème siècle, ça renvoie un peu au vibrant plaidoyer de William Wellman L'étrange incident.
Ce sujet est traité sans concession, ce qui explique sans doute la mise en scène vigoureuse de Ted Post et le ton plus violent de ce western, qui s'inspire un peu des westerns italiens qui commencent à percer aux Etats-Unis ; on remarque aussi une manière de filmer qui n'est plus la même que dans les westerns hollywoodiens classiques, avec des successions de gros-plans, une façon de frôler les personnages, et l'ambiance de violence latente avec ce marshall qui pratique une justice aussi sommaire qu'expéditive. La musique de Dominic Frontiere a également de petits airs à la Morricone. La scène de pendaison de 6 types est assez révélatrice de ce nouveau courant : on voit une foule nombreuse venue assister à l'exécution comme au spectacle, le prédicateur invite la foule à chanter des trucs religieux, les enfants se pressent, c'est comme une fête, le médecin attend les corps, et le vendeur de bière fait fortune... ces choses là peuvent surprendre, elles n'étaient pas montrées avec autant d'acuité, les pendaisons étaient plus discrètes.
Pendez-les haut et court est enfin le premier film dans lequel Eastwood s'est impliqué financièrement par le biais de sa compagnie, la Malpaso, et il a la chance de profiter d'un très beau casting, avec plusieurs vétérans et quelques jeunes dans des rôles assez courts, comme Ed Begley, Charles McGraw, Ben Johnson, Bruce Dern, L.Q. Jones, Dennis Hopper, Alan Hale Jr ou James McArthur. Seuls Pat Hingle (acteur qui rejouera très souvent aux côtés de Clint) et la superbe Inger Stevens ont des rôles plus conséquents.
C'est un western qui tranche résolument avec les westerns d'antan, plus brutal, au rythme différent, et Clint reprend un personnage de cowboy monolithique et peu loquace qu'il a peaufiné chez Leone.