Même si on n’avait pas forcément compris l’engouement autour du premier volet Dernier train pour Busan en 2016, l’arrivée annoncée puis repoussée de Peninsula alimentait une actualité qui en avait bien besoin. Budget plus confortable, ambition plus grande, peut-être le film allait-il gagner en ampleur et proposer une variation sur la mythologie zombie pourtant déjà essorée jusqu’au sang.
La réponse est non.
Peninsula est colossalement nul, avec une constance qui force le respect, s’ingéniant à saloper à peu près tous les critères du blockbuster pour garantir au spectateur frustration, ennui, irritation, consternation et désintérêt. Du cinq étoiles.
De Mad Max, il emprunte le pire opus de la franchise, à savoir le troisième où les enfants ont la part belle, nous gratifiant de séquences embarrassantes où l’ado roule avec indifférence à travers des centaines de zombies pour bien expliquer qu’elle gère, induisant le même désintérêt chez le spectateur, tandis que sa petite sœur télécommande des voitures pour leurrer les neuneus et nous offre des sourires capricieux que même Disney n’ose plus mettre en scène. De Fast & Furious, il reproduit les courses poursuites avec ralentis et dérapages contrôlés, dans une ville abandonnée qui a le bon goût d’avoir laissé une voie dégagée pour le passage des 4x4 et camions sur la totalité de son territoire.
Resterait le scénario ? Un braquage à acteurs multiples, qui parlent trop pour échanger de rôle, nous expliquant qu’apparemment, selon nos dernières estimations, l’argent ne fait pas le bonheur et la famille est la valeur refuge contre l’adversité.
Les effets visuels, dans ce cas ? Les zombies de nuit sont une masse compacte destinée au shoot ‘em up. Ça n’a pas dû être cool d’être figurant sur ce film : marcher tordu, sauter des barrières et se prendre une balle dans la tête, c’est pas ce qu’il y a de plus gratifiant, d’autant qu’ils ont pu tourner ça au moins dix fois chacun, vu que ça résume à peu près le film. Ceci dit, un certain nombre n’existent que par la magie d’une CGI absolument dégueulasse où même les véhicules n’ont aucune densité, salopant les moments supposés de bravoure.
Du fun, donc ? Une arène avec des combats humains zombies, un truc un peu sans queue ni tête, qui résume parfaitement le film : on ne sait pas exactement ce qu’on fout, ni comment l’introduire, mais il s’agit de divertir bêtement avec du sang et des morts vivants, de toute façon, les gens seront contents. Ah.
De l’émotion au moins ? Parlons-en. La mise en valeur à panel large de la famille, du papi sénile mais essentiel à la gamine espiègle mais essentielle trouve dans son final une intensité pour le moins surprenante, où l’on est plus embarrassé par ces torrents de larmes qu’on ne fut effrayé par les mangeurs de chair humaine.
S’ils poursuivent sur ce créneau, on pourrait leur suggérer le titre du prochain volet : BUSAN 3 : TSUNAMI, pour une apocalypse lacrymale : celle des personnages, et celle du public.