La narration de Peppermint Candy est brillante. Il faut dire que sous sa narration et sa direction, se cache Chang-dong Lee qui est avant tout un écrivain et on sent bien la plume d'un excellent auteur.
On est en 1999, un groupe d'ancien ami se retrouve, c'est là que tout commence, par un suicide, celui de Yong-Ho. Et durant tout le film, on va avancer par flash back, toujours plus profondément dans son passé. On va remonter doucement dans sa vie découvrant ses douleurs et ses joies pour finalement comprendre son geste devenu inéluctable.
Mais là où est tout le génie de Chang-dong Lee, c'est que tout prendra forme seulement après le dernier retour en arrière, 20 ans plus tôt. Attention, je ne vous parle pas d'un autre Memento. On est à mille lieux d'un thriller haletant où le puzzle se rassemble une fois tous les indices dévoilés. Ici, c'est l'histoire d'une vie, une vie façonnée et rongée par une succession d'événements. C'est uniquement au moment où l'on a toutes les cartes en mains qu'on comprend l'évolution et la descente aux enfers de Yong-ho.
Chacun des choix du personnage, chaque petit détail, chaque phrase échangée même s'ils ont l'air insignifiant au départ vont prendre un sens. Notre vision se modifie au fur et à mesure. Alors, on comprendra et surtout qu'on acceptera tragiquement ce geste.
On commence par un pique nique entre ami en 1999 et on finira, en 1979, par un même pique nique.
La boucle est bouclée.
Autre tour de force de Chang-dong Lee, c'est qu'il ne se contente pas de conter la vie de son personnage, mais à travers lui, il retrace également l'histoire de la Corée. Il va parler de l'oppression et des blessures de son pays, tout ce qui a marquée la Corée du sud et qui fait ce qu'elle est aujourd'hui. Tout en évitant les lourdeurs d'une dénonciation, il se contente de montrer et d'expliquer subtilement comment on en est arrivé la.
On n'est alors pas seulement face à la chronique d'une vie mais aussi celle d'un pays.
Au final, Peppermint Candy c'est avant tout un voyage dur et touchant aux origines du mal qui, en prenant fin, nous laisse un petit gout de nostalgie et de vague à l'âme.