Pietro Marcello adore les images d'archives et le grain de la pellicule associé. Si bien que même lors des scènes tournées en 2021 il garde ce même filtre, rendant le tout homogène. Un spectateur tombant par hasard sur le film ne pourrait faire la différence entre passé et présent. Marcello ne fait pas une biographie du grand Lucio Dalla à la voix superbe et au corps poilu, mais lui dédit une oeuvre à part entière. C'est pour cela que les dates des images, qu'elles montrent Dalla ou des anonymes, ne sont jamais précisées. On peut avoir une idée de la décennie grâce aux vêtements, aux objets ou aux évènements politiques.
A travers ce film sur Lucio Dalla, Pietro Marcello documente la société italienne de l'après-guerre aux années 80-90. Il s'intéresse avant tout aux italiens contemporains aux différentes chansons de Dalla, afin de nous indiquer "d'où parlait" ce dernier. Ce n'est pas un hasard si une trentaine d'oeuvres de Lucio ont été rédigées par son ami, l'écrivain communiste Roberto Roversi (également proche de Pasolini). C'étaient des personnes, qui comme Marcello, s'intéressaient à la société et à la poésie du quotidien.
Enfin, ce film repose beaucoup sur l'amitié. On assiste à un déjeuner entre deux vieillards se racontant avec nostalgie mais non sans humour et légèreté leurs souvenirs de leur ami regretté.
Pietro Marcello ne décrit pas Lucio Dalle par rapport à ses succès, sa popularité, son influence (il n'en est jamais question), mais il le peint simplement en tant qu'homme : artiste, talentueux, fourbe, curieux, surprenant.