Chris Columbus est un grand alchimiste : filez lui n'importe quoi, et il en fera du plomb. Après avoir massacré les deux premiers Harry Potter, le voilà qui s'attaque à Percy Jackson, autre série de bouquins à succès pour adolescents où un jeune à frange qui ne soupçonne pas son ascendance devient le héros demi-dieu d'une Olympe resituée pour l'occasion dans les Etats-Unis contemporains.

Commençons par le positif : la transposition de la mythologie grecque entre Las Vegas et Hollywood est joliment exploitée. Les lotophages tiennent un casino, Hadès est looké comme un guitariste de Metallica, et la gorgone Méduse fabrique des statues pour décorer les jardins. Ces bonnes idées parmi d'autres permettent au film de se positionner habilement vis à vis du matériau mythologique d'origine, à une distance respectueuse mais amusée qui lui évite de sombrer dans le ridicule pompeux.

Voilà pour le positif. Pour le reste, l'expert Columbus applique les merveilleuses formules qui ont fait son succès : jeunes acteurs pénibles (mention spéciale au Justin Bieber qui tient le premier rôle, tellement cabot qu'il arriverait à saouler des fans d'High School Musical), musique pompeuse, et réalisation indigeste. C'est simple, Chris Columbus filme et dirige tellement mal les scènes de dialogues qu'il arriverait à rendre niais du Zola.

Sans que je sache trop comment l'expliquer (mais le constat était le même devant les deux premiers Harry Potter), Columbus parvient miraculeusement à ôter toute substance aux relations humaines qui devraient structurer ses films. Percy Jackson brave mille dangers pour sauver sa mère, souffre cruellement de l'absence d'un père, et tombe amoureux (on suppose) de la fille-belle-mais-distante-qui-l'accompagne-oh-ça-tombe-bien, et pourtant on ne dépasse jamais le stade émotionnel d'une pub Kinder (vous savez, celle où les enfants mal-doublés demande à leur papa mal doublé de leur filer des bonbons et où la maman mal doublée leur dit mais non, prenez plutôt un Kinder avec du bon lait dedans voyons Michel t'es con ou quoi ?).

A titre de comparaison, il y a plus d'émotion et de sens dans 5 secondes du silence d'un Wall-E que dans une heure et demie de cette soupe de bons sentiments.

Bref, on attend toujours qu'Hollywood fasse quelque chose de cette mine d'or qu'est la mythologie grecque. Et qu'un producteur courageux colle à Chris Columbus le seul projet qu'il mérite de diriger : adapter Marc Levy en stop-motion.
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le 27 janv. 2011

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