Carol of the Bells - Dark Christmas Son
Passer à la moulinette du conte fantastique le mythe du père noël pour en extraire un personnage horrifique étripant sans pitié les enfants ayant commis la moindre incartade, voila le pari de ce Rare Exports, film du réalisateur Finlandais Jalmari Helander qui nous propulse pour ce faire dans une Laponie battue par la neige durant le mois de Décembre et se propose de mêler la science fiction, la comédie, l'horreur, le fantastique, l'action pour accoucher d'un métrage somme toute assez bâtard.
On se retrouve au sommet de la montagne Korvatunturi où une expédition "archéologique" dirigée par un vieil homme de type mégalomane entreprend de creuser l'intérieur de la montagne qui n'est ni plus ni moins qu'une gigantesque tombe abritant le corps gelée du père noël, façon mythologie nordique. Voila donc le bon papa noël affublé de cornes gigantesques, fouettant à mort les enfants voir s'en repaissant goulûment. Parallèlement à cette expédition qui connaîtra - à n'en pas douter - une fin tragique, on suit le destin d'une famille monoparentale composée d'un père éleveur de rennes/chasseur un poil bourru et de son fils sympathi... proprement insupportable. Ajoutons au casting deux autres éleveurs de rennes et un autre enfant tout aussi insupportable, mais dans un autre genre.
Réussir à me faire aimer un personnage enfant tiens souvent du challenge.
Vous vous en doutez, l'expédition ne va pas tarder à tomber sur un os et nos éleveurs vont en pâtir jusqu'à ce qu'ils capturent un mystérieux et mutique vieux à poil affublé d'une longue barbe, un poil agressif et réagissant bizarrement chaque fois qu'il renifle un enfant dans le coin.
Lorsque les enfants du village disparaissent mystérieusement, plus de doute pour notre petit héros : le père noël est de retour, et il a faim d'enfants !
Il est dans ce film de nombreux problèmes mais quelques réussites méritant qu'on lui accorde une heure vingt de notre temps. Notons en premier lieu une direction d'acteur loin d'être ratée, même pour l'enfant jouant le rôle de Pietari - Onni Tommila - qui, tout insupportable qu'il soit, réussi à convaincre. Le problème de Pietari ne réside pas dans l'interprétation, plus dans l'écriture du personnage.
Jorma Tommila qui joue son père est très convaincant dans le rôle du paternel bourru et incapable de laisser transparaître ses émotions. Je vous passe rapidement les autres acteurs, le casting est correct sans que l'on y voit de grandes démonstrations de talent, on s'y attendait. Notons Peeter Jakobi en "père noël" dont le costume et le jeu parviennent à rendre le personnage inquiétant et dérangeant à souhait.
Côté direction artistique l'ensemble rend assez bien, compte tenu du budget relativement réduit : 1.803.000 d'euros. Que ce soit la station au sommet de la montagne me rappelant confusément The Thing de Carpenter, la maison sombre et isolée des Kontio ou bien l'abattoir dans la grange du paternel, les décors sont relativement réussi. L'ambiance sombre - la majorité de l'action se déroulant de nuit - et les extérieurs neigeux sont bien traités et relativement utile lorsque filmé correctement pour créer une ambiance à moindre frais.
Le principal problème me poussant à mettre un aussi sévère cinq réside dans la narration et le climax du film. Narration étirée à l'extrême partant d'une bonne idée, certes, mais qui met bien trop longtemps à poser ses enjeux et à créer le suspens tant attendu. Balançant entre enjeux horrifiques, fantastiques, comiques, Jalmari Helander peine à trouver un équilibre.
J'en viens donc à la résolution et au climax qui donne la terrible sensation de ... et bien de tomber à plat. La confrontation avec le terrible Père Noël n'est finalement que le combat contre un glaçon et une armée de vieux à poil ce qui, à mon sens, est un terrible manque de créativité. Certes, la conclusion comique est vaguement amusante mais finalement assez convenue et on se trouve à déplorer le manque d'ambition du métrage, voir même la conclusion bâclée alors qu'il avait tant mis de temps à démarrer.
On pourrait arguer que le manque de budget est ici en cause, je n'en crois rien. Il n'est pas besoin de beaucoup montrer pour créer de la tension, créer un véritable enjeux à défaut même de faire peur. Ici on à la sensation d'avoir attendu longuement pour ... ne rien voir, finalement.
Et c'est terriblement frustrant, de voir une si bonne idée de film assez mal exploitée au final. Parce qu'il y avait là un potentiel certain.