SOS : Syndrome Olfactif Sévère

"Perfect sense" est un film riche en émotions qui décrit la dégradation des cinq sens suite à un terrible virus inconnu dont la population est victime. Loin de l’atmosphère scientifique des laboratoires, ce film décrit un monde incapable de trouver un remède ou même d’expliquer cette tragédie et va au-delà des expériences biologiques pour décrire son côté social et humain. Il met en vedette Ewan McGregor qui incarne le rôle d’un cuisinier solitaire hanté par les remords après avoir abandonné sa copine mourante, et Eva Green dans la peau d’une scientifique sceptique qui vit mal sa récente déception amoureuse. Ce film original par sa mise en scène et par son idée, expose les conséquences de ce désastre : peur, panique, désarroi, désespoir et dépression.

Partout dans le monde, la population commence par perdre le goût, on n'arrive plus à reconnaître le goût des aliments, des parfums, des gaz et des différents produits et matières qui forment le monde. Accompagnée d’une perte de l’odorat, c’est sans doute une perte totale du goût à la vie.

D'abord, les gens perdent l'odorat et le goût, ce sont deux sens compatibles qui fonctionnent ensemble, on sent pour goûter, pour consommer, pour posséder. Ça me fait penser à une maladie dont je souffre, c'est la polypose nasale, c'est une perte totale ou partielle de l'odorat dont les cas les plus sévères sont accompagnés d'une perte du goût. Dans le film, on peut interpréter ça par la perte de la saveur de la vie, le dé-goût. La déprime causée par la crise financière, les maladies du temps moderne (SIDA, cancers et autres maladies chroniques et mortelles) et le malaise mondial général. Ce syndrome est appelé dans le film Perfect Sense "Syndrome Olfactif Sévère" "SOS", rien que son nom l'indique, un appel de déstresse car ce n'est que le début d'un naufrage. Cela dit, la vie continue "Life goes on" et les gens commencent à s'habituer à cet handicap, c'est la réalité pure et dure : On continue à vivre malgré la dépression.

Ensuite, on perd l'ouïe. Le grand désastre, on est à la phase où on n'écoute personne, on est sourd face aux injustices, aux guerres, au terrorisme, à la manipulation, à l'anarchie et aux crimes, un seul souci : vivre et ne rien entendre, ça nous regarde pas, ce ne sont pas nos affaires, ça nous dépasse. Vivons nos vies. Chacun pour soit et Dieu pour tous. Mais, il y a une situation beaucoup plus alarmante, c'est lorsqu'on est aveugle, on se voile les yeux face à la douleur d'autrui, voilà que les autres ne voient plus nos souffrances aussi. Chacun de nous est noyé seul dans son déluge, sans soutien et sans secours...et quand on se rend compte que le plus important au milieu de cette calamité c’est le contact, que la seule chose qui nous reste c'est l'amour, on se cherche et on se retrouve, on se touche pour une dernière fois avant l'obscurité...

Après avoir perdu l'odorat, les gens commencent à peine à s’y habituer et continuer toutefois à se nourrir et se rendre aux restaurants, ils perdent par la suite l’ouïe, cette étape représente un moment pénible pour la population, la communication n’est plus établie, on perd les repères auditifs et on n’arrive plus à transmettre nos messages et nos sentiments. Une terrible panique s’empare des gens, on devient dépressifs, on s’isole, on insulte la vie et ceux qu’on aime, on se perd.

Au milieu de cette catastrophe, la vue est également atteinte. On devient aveugle et tous les paysages sont remplacés par une obscurité effrayante, mais on ressent toujours le besoin de se toucher et de s'aimer, on ne sait plus ou on va, mais on se retrouve par le cinquième sens.

Quelque soit la lecture qu’on peut attribuer à "Prefect Sense", ce film est loin d’être une vision apocalyptique, bien au contraire, il essaye d’imaginer des hommes perdus mais qui tentent malgré l’aspect tragique de la situation de s’y adapter et continuent à avancer bien qu’ils perdent des éléments qui font toute leur humanité.