Ah, la conquête de l’espace, une aventure que tout Homme digne de ce nom se doit d’avoir un jour rêvé pouvoir faire. Depuis que l’Homme a enfin pu marcher sur la Lune, tout le monde se bat pour pouvoir un jour y aller. Et le cinéma s’en est beaucoup inspiré comme source d’histoire. Des plus grands films de science-fiction comme 2001 ou Solaris jusqu’aux plus comiques comme Starship Troopers. Alimentant une source intarissable de scénarios tous plus originaux les uns que les autres. Enfin, originaux… dans la mesure où ne modifier que la nature même de l’entité ennemie, lorsqu'il y en a une, est ce qu’on peut considérer comme original. Sinon c’est quand même toujours vaguement la même chose. Lors d’un voyage vers la Lune, 2 astronautes trouvent par hasard un gigantesque vaisseau qui semble abandonné. Ils en ramènent des preuves d’une vie extraterrestre (un corps en décomposition que le carbone 14 date de 14 000 ans et ce qui s’apparente être un œuf extraterrestre en forme de ballon de rugby). Bien évidemment, il s’agit d’une forme de vie bien plus évoluée que la nôtre, capable de s’approprier notre technologie, et après un premier contact particulièrement désastreux avec notre espèce, le sort de l’humanité entière va être ainsi décidé qu’il faut la détruire. Ils vont donc retourner dans l’espace avant de comprendre qu’ils sont tombés dans un piège. Oui parce que quelque soit le lieu où se déroule l’action, sur la Lune ou devant nos yeux, il s’agit bel et bien d’un piège.
Moontrap est un véritable nanar spatial dont le scénario ne vaut pas un clou mais dont les nombreuses bonnes inspirations permettent de rire de bon cœur. Le scénario est bourré d’incohérences et manque de nombreux détails primordiaux au bon déroulement de l’histoire. Les décors et costumes sont pourtant travaillés pour rendre l’ambiance et le contexte le plus crédible possible. Il manque des choses, c’est creux, expédié, les dialogues sont d’un consternant pas possible mais les acteurs semblent y croire jusqu’au bout. C’est sûr que lorsqu’on a un acteur emblématique d’une des plus grandes sagas de SF (Walter Koenig pour Star Trek ou encore Babylon 5) et l’acteur principal d’une des sagas d’horreur les plus connues (Bruce Campbell pour Evil Dead et grand ami de Sam Raimi), ce sont bien les seules personnes dont on est en droit d’attendre le maximum. Et forcément ce sont les seules qui donnent le sentiment d’être face à un film et non à une boum de 3ème. Les décors sont beaux, il y a un vrai travail de fourni, ça se voit, mais ils ne sont pas crédibles et ça se voit aussi. Le vaisseau est très certainement fait en matte painting vu à quel point il ressemble à un dessin. Les robots sont cheaps au possible avec les fils apparents permettant leurs mouvements. Et les maquettes pour les plans d’ensembles sont tellement rigides que même un aveugle ne serait pas dupé par la supercherie. Il en résulte que les différents effets spéciaux sont biens travaillés si on y regarde de près, mais une fois incrustés aux décors, à plus grande échelle, ceux-ci ne s’harmonisent pas du tout à l’image. Certains diront que ça s’applique à tous les vieux films de SF : ils vieillissent mal. Mais prenons Un Nouvel Espoir dont la vieillesse des effets spéciaux se fait effectivement ressentir 40 plus tard, ils restent pourtant nettement plus crédibles que ceux de Moontrap tout en étant sortis 12 ans auparavant.
Tout le travail fait autour du film permet de sauver le travail non fait pour le film, notamment le scénario bâclé et la réalisation approximative. Il y a d’ailleurs dans Moontrap bon nombre d’inspirations de ses pères (ceux sortis avant). De nombreux éléments rappellent Star Wars pour ne citer que le plus connu, ainsi que le design de certains robots, certains plans rappellent également les grands classiques comme Solaris et d’autres éléments s’inspirent fatalement de Star Trek. Il en va certainement de même pour la SF moins connues ou moins accessible de nos jours, mais aucune de ces inspirations n’en a le même impact. C’est même tout le contraire. Surfant entre le ridicule et l’improbable, le film parvient à nous soustraire sans aucune difficulté de bons fous rires dont on se délecte sans hésitation. Finalement avec un budget semble-t-il dérisoire, le film s’en tire plutôt bien. Certes le rendu final est assez médiocre, mais le projet général s’avère être réalisé avec toute l’attention du monde, offrant un film que les techniciens comme les acteurs semblent soutenir jusqu’au bout. Comme on dit lorsqu’on ne veut pas vexer quelqu’un : on rigole mais on ne se moque pas. Ou alors un tout petit peu.
Critique disponible sur Rétro-HD