Après Dany Boon, qui avait souhaité avec Bienvenue chez les Ch’tis rendre hommage à sa région natale en balayant un bon nombre d’idées reçues tout en se jouant de certains clichés, c’est au tour d’Éric Fraticelli de s’atteler au même type de projet avec ce Permis de construire, mais cette fois-ci sur la Corse. L’histoire suit ainsi celle d’un personnage pétri de préjugés sur l’île de Beauté qui va apprendre à les remettre en question après les avoir, malgré tout, constatés. Ici, pas de souci avec le climat et les paysages (ce qui ne signifie bien entendu pas que les paysages du Nord ne sont pas beaux), bien au contraire. Éric Fraticelli se permet, d’ailleurs, de jouer le promoteur des lieux avec quelques plans que ne renierait aucune agence de voyage. Pour un film, en revanche, c’est un peu too much.
Côté scénario, peu de surprises puisqu’on retrouve pas mal de thèmes communs justement au film de Dany Boon. Ainsi les soucis d’accent (avec une scène qui semble presque pompée sur celui-ci) et toute l’enfilade de lieux communs propres au peuple corse (la fainéantise, le terrorisme, la famille, etc.) y passe sans jamais cependant réussir à jouer dans la même catégorie en raison d'un récit bien plus mince. Les gags ne sont pas novateurs mais Didier Bourdon et Éric Fraticelli forment un duo sympathique même si c’est le premier qui porte le film sur ses épaules. Pour le reste, on sent que le réalisateur a surtout voulu mettre en valeur ses terres et ceux qui la peuplent. S’il s’amuse de certains clichés, il s’évertue surtout à les tordre pour présenter des Corses au grand cœur qui ne sont désagréables qu’avec les gens de la métropole eux-mêmes désagréables. Et, sans surprise, le couple débarqué sur l’île finit par tomber amoureux des lieux et le ton, peu à peu, glisse de la simple comédie à quelques envolées dramatiques faciles.
L’ensemble se révèle donc globalement paresseux. Mais, paradoxalement, on préfère le voir évoluer en terrain connu que de s’aventurer dans d’autres directions. Ainsi le personnage interprété par Simon Abkarian est-il, par exemple, franchement pénible et apporte très peu alors qu’il est sensé être détonnant. Ni brillant ni catastrophique, le résultat se regarde sans trop de difficultés. Les paysages corses étant magnifiques et certaines scènes étant plutôt amusantes, un public peu exigeant pourra y trouver son compte pour passer un petit moment divertissant.