Persepolis
7.7
Persepolis

Long-métrage d'animation de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (Winshluss) (2007)

Persepolis, ou le changement de régime en Iran vu par les yeux d'une petite fille. Il existe des films qui réussissent le pari de faire voir le monde tel qu'un enfant le verrait, avec bien sûr ce que cela comporte d'imprécision et de naïveté. En ce qui concerne Persepolis, cela ne nuit même pas à l'aspect didactique du récit, puisque les parents de la petite Marjane parlent régulièrement politique. Alors on raconte les choses à la petite fille, car même si ce n'est pas de son âge, il faut bien qu'elle connaisse l'environnement dans lequel elle vit, on les lui raconte sous forme de conte, en même temps qu'on les raconte au spectateur.


Marjane grandit, part en Europe, revient en Iran. En sourdine, on ne peut que penser au C'est étrange, comment peut-on être persan? de Montesquieu. Autre temps, même mœurs, on juge l'autre selon nos propres critères et cela finit donc toujours par conforter les clichés. L'Europe rêvé comme refuge sera une autre forme du cauchemar que constitue le simple fait d'être iranien. Comment jeter la pierre à Marjane si elle prétend être française? Son intégrité tant conseillée par la grand-mère, elle ne peut pas s'y tenir en Europe. Il lui faut retourner chez elle, quelle que soit la situation là-bas.


Malgré tout, il y a une grande légèreté dans ce récit, grâce à un humour constant et à la fluidité que permet la forme animée, permettant également d'ouvrir le genre documentaire à un plus grand public. Ainsi les films d'animation documentaires ont le vent en poupe, et depuis Valse avec Bashir les sujets graves, comme la guerre ou la révolution, sont de mise. Les films d'Anca Damian, par exemple, ou My favorite war, d'Ilze Burkovska Jacobsen, mais il y a bien d'autres exemples. Persepolis a le mérite d'ouvrir le sujet à un public plus jeune. Parvana, une enfance en Afghanistan, creusera par exemple ce sillon.


Le rire comme arme pour défendre son droit au bonheur. Les comédies sur des sujets graves ne datent pas d'hier. Parfois, elles choquent un certain public bien-pensant, comme ce fut le cas pour La vie est belle. C'est méconnaître que le rire, parfois, est surtout affaire de sérieux. Ainsi de Persépolis, conjurant la guerre, la révolution, la souffrance de tout un peuple, dans un éclat de rire.

BigDino
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le 1 août 2024

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BigDino

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