MAHA HAJ a du talent.
Son premier long métrage est une subtile variation sur les difficultés de trois couples.
Décrire l'implosion par l'ennui d'un couple à la retraite est risqué. À Nazareth (Israël) ou ailleurs, l'incompréhension et la routine hérissée de tics sont d'une banalité à pleurer. Leur fils aîné Hicham vit en Suède, où il s'ennuie. Leur fils Tarek écrit à Ramallah (Palestine), non loin de sa sœur Samra.
Heureusement, la réalisatrice truffe ses descriptions réalistes d'humour et de poésie. Le mari de Samra, Georges, garagiste de Ramallah, n'a jamais vu la mer. Il regarde avec bonheur la photo d'une plage d'Espagne, où pose le gynécologue de sa femme. Ce dernier commente : "C'est la même mer ici et en Espagne..." Pour un Palestinien interdit de voyages, la mer ouvre des horizons inespérés, des liens possibles avec de lointains pays.
Georges accepte de faire un essai pour jouer dans un film américain afin de connaître la mer. Il en attend une révélation, une renaissance. Il y entre pieds nus avec l'émerveillement d'un initié aux Mystères d'Éleusis...
Tarek et Maïssa se connaissent depuis peu mais se chamaillent sans cesse. Contrôlés à un barrage de sécurité sur la route de Jérusalem, tout bascule. Les soldats israéliens les mènent au poste pour un interrogatoire. On imagine la réaction des tourtereaux dans un film politique à thèse... La cinéaste s'en tire par un tango merveilleux : Tarek manipule avec brio sa cavalière en robe rouge et escarpins noirs. Et l'arrestation tombe aux oubliettes.
En Suède, Hicham invite ses parents dans un chalet au bord d'un lac. Ils s'y dessèchent d'ennui ! Privés de leurs distractions habituelles, ils sont confrontés à eux-mêmes. Face au lac étranger, le couple lit son avenir comme dans un miroir. Serait-ce l'occasion d'un nouveau baptême ?