Quand on pense à Ramallah, les images qui nous viennent en tête sont généralement celles des informations télévisuelles : un attentat, une représailles, une foule en colère… Le cinéma donne le droit à un contre-point de vue.
Personal Affairs est une tranche de vie palestinienne, celle d'une famille normale avec des parents à la retraite qui ne se parlent plus depuis que les enfants sont partis : l'un est en Suède pour travailler, l'autre est un célibataire endurci qui ne supporte pas les traditions, la dernière est enceinte de son premier enfant. Autour d'eux gravite des gens qui travaillent, vivent. Il n'y a rien de très différent de nos rues à première vue.
Maha Haj pose ses caméras et, semble-t-il laisse ses acteurs travailler en bonne intelligence, dérouler leur texte. On se creuse d'abord la tête, une ou deux minutes. On ne sait pas où cela va nous mener de regarder ce couple ne pas se parler, ne pas interagir.
Puis le vieux père se lève et va sur Skype pour se plaindre à son fils.
« Il est trois heures du matin papa
− Et pourquoi toi tu es connecté à trois heures du matin ? »
Le premier rire sort, un peu étouffé. Le film fonctionne sur des moments comme celui-là, une douce montagne russe : construire quelque chose de personnages en personnages et laisser le moment apparaître.
Sans le vouloir, c'est aussi un film sur le conflit quotidien. Il n'y a pas de méchants, pas de gentils ; il y a des gens qui ne se comprennent pas et qu'on a éduqué à avoir peur les uns des autres. Il semble absent de tout le film, évoqué en filigrane quand un personnage dit « Je ne peux pas, je n'ai pas le laissez-passez pour aller là-bas », montré de façon plus réaliste quand une dispute de couple en voiture, un cliché absolu de comédie romantique, devient d'un seul coup impossible.
On s'attend à ce que l'homme rester comme un con roule à côté de sa copine en lui disant « Remonte, soit pas têtue, tu connais même pas le chemin ! »
Au lieu de cela, elle est arrêté net par des fusils mitrailleurs et les deux tourtereaux se retrouvent en garde à vue.
C'est ce qu'on retient fondamentalement de ce Personal Affairs : des histoires simples, des tranches de vie qui deviennent de vrais moments de cinéma.