Personne n'est parfait(e) par pierrick_D_

Walt est un flic héroïque,un sportif accompli,un danseur de tango assidu et un tombeur de dames.Ce serait une vie idéale s'il n'y avait son voisin Rusty,une folle tordue qui aime à faire du tapage nocturne avec ses potes travelos.Quand un des habitants de l'immeuble braque le caïd du quartier et que les gangsters déboulent pour récupérer leur bien,Walt veut s'en mêler et fait un AVC dans les escaliers.A moitié paralysé,il sollicite Rusty,qui est musicien,pour faire de la rééducation phonique,ce qui va étrangement rapprocher ces deux hommes antagonistes.Première chose,le titre indique que cette connerie d'écriture inclusive ne date pas d'hier.Deuxième chose,il s'agit d'un des films les moins connus de Joel Schumacher,ici réalisateur,producteur et scénariste.L'entame est assez catastrophique,avec cette photo dégueulasse typique des nineties,ces décors sombres et hideux,ce filmage en gros plan étouffant.Quasiment tout le film se passe dans les appartements et les couloirs crasseux de cet immeuble déprimant et les personnages sont totalement caricaturaux.Il parait que Schumacher était pédé,mais ça ne l'empêche pas de donner une image méchamment folklorique de ce milieu semble-t-il composé exclusivement de tarlouzes tapageuses qui n'arrêtent pas de piailler dans les aigus et de se disputer bruyamment tout en se déguisant en femmes,ou plutôt en putes vu le look des fringues et des maquillages.Et ça travaille en boîte de nuit en se trémoussant lourdement et en chantant en playback,ce qui a l'air de ravir le public,on se demande bien pourquoi.Walt,lui,est l'incarnation du beauf réac et homophobe.Il joue aux cartes avec ses copains et va au thé dansant où il a toujours la même partenaire,une belle brune qu'il baise après le tango,l'entre-chatte succédant aux entrechats.Il y a à la danse une jeune et ravissante latina qui voudrait bien tanguer avec lui et plus encore mais il la jette en la traitant de pute,alors que la pute c'est plutôt sa copine qui le tape après chaque saillie.C'est surprenant dans la mesure où la fille est très jolie et a vingt-six ans de moins que lui.Mais elle s'accroche,on se demande bien pourquoi.Ensuite,l'histoire évolue laborieusement entre les raids réguliers des truands toujours à la recherche de leur magot,soupçonnant tour à tour tous les locataires du boui-boui de le détenir,et les leçons d'orthophonie que Rusty dispense à Walt.Ca,c'est la meilleure partie,et on a enfin quelque chose à se mettre sous la dent.Progressivement,la tafiole allumée et le macho borné vont sympathiser pour finalement devenir amis.Le film démontre alors subtilement que les gens,avec un minimum de bonne volonté,peuvent s'entendre en dépit de différences énormes,et que quand ils se connaissent vraiment ils s'aperçoivent que ce qui les réunit est plus fort que ce qui les sépare.Les deux hommes tombent l'armure,Rusty délaissant sa comédie de l'homo démonstratif pour laisser apparaître ses failles et ses blessures intimes tandis que Walt devient plus intelligent et abandonne peu à peu ses préjugés tout en dévoilant ses faiblesses cachées,et les séances de rééducation sont en outre férocement drôles avec Walt qui tente de chanter avec sa gueule de travers.Tout ceci n'est pas forcément très réaliste mais ça fonctionne cependant grâce notamment aux performances extraordinaires des deux pointures ici à l'oeuvre.Le regretté Philip Seymour Hoffman effectue un beau travail de précision et exprime magistralement les nuances d'un personnage torturé qui s'assume moins qu'il ne le fait paraître.Quant à Robert De Niro,on sait depuis longtemps que c'est un génie et il le prouve une fois encore.Adepte de la méthode Actor's Studio,il joue de manière stupéfiante le mec frappé d'AVC au point qu'on se demande s'il ne s'est pas débrouillé pour vraiment en faire un.Une question encore d'actualité aujourd'hui quand on entend ses analyses politiques ineptes et la propagande excitée qu'il fait pour ces salopards du Parti Démocrate.Les acteurs de complément sont dans l'ensemble assez faibles et n'ont de toute façon pas grand-chose à jouer.