Un film pas parfait

On aurait aimé adorer Personne n'est parfait(e), d'après son sujet généreux et humain, d'après son casting qui réunit Robert de Niro et Philip Seymour Hoffman (ce dernier étant en très grande forme), d'après son final très touchant. L'intrigue de l'homophobe qui, à la suite d'un AVC, doit prendre des cours de rééducation orale avec une personne transgenre (qui l'insupporte, forcément), est une idée originale et qu'on sentait plein d'atouts narratifs. Mais voilà : on ne peut s'empêcher de remarquer la réalisation catastrophique de Joel Schumacher qui, dans le fond, verse trop souvent dans la bienpensance et le sentimentalisme (un pointage du doigt constant pour nous dire combien le duo évolue, commence à s'apprécier, est un modèle à suivre... On n'avait pas besoin de mode d'emploi pour voir cela), et dans la forme, se casse les dents sur des plans affreusement mal filmés (au cas où vous n'auriez pas compris par vous-même que Walt fait un AVC, pas de problème : la caméra tourne dans tous les sens, rendant une image floue et nous donnant la nausée... C'est nous, qui faisons un AVC, avec cette mise en scène brouillonne). Il est vraiment plus que dommage que l'on sente constamment le poids de la morale gentillette qui appuie sur chaque regard, chaque rire, chaque échange entre les deux personnages opposés, car on se serait vite pris à les adorer naturellement, sans ces béquilles morales. Mais comment ne pas fondre pour le personnage si bien interprété par Philip Seymour Hoffman (jamais caricatural, et profondément touchant), digne de ses meilleures performances, et pour le final si "mignon" (il n'y a pas d'autre mot) entre les deux protagonistes. Même si le personnage de De Niro semble être une lointaine version de L'Eveil (en moins percutant), il nous fait sourire lorsqu'il se prend le bec avec son truculent voisin. Seymour Hoffman nous a bluffé dans un rôle qu'il a rendu vivant et très attachant, un acteur qui nous manque un peu plus à chaque performance sublime qu'on découvre dans sa filmo...