Depuis quelques années déjà, le groupe Disney s'est lancé dans une opération de restauration « live » de ses classiques animés. Maléfique a ainsi ouvert la voie, suivit de Cendrillon et du Livre de la jungle. C'est donc au tour de Peter et Eliott de connaître les joies de l'ère numérique.


Contrairement à ses prédécesseurs, le film tire ses origines d'un original de 1977 qui était un film en prises de vues réelles. Seul le dragon Eliott était un personnage de dessin animé incrusté en post prod. De cette lointaine époque, l'opus 2016 ne gardera que le statut d'orphelin de Peter et le pelage écolo de son animal de compagnie. Se démarquant par beaucoup d'aspects de ses origines, le film ose une rupture rafraîchissante, tout du moins en théorie.


On retrouve donc notre cher Peter fraîchement orphelin et livré à lui même dans une forêt millénaire. Il est rapidement pris sous les ailes protectrices du dragon local. Six années plus tard, Peter va reprendre contact avec la civilisation par le biais de Natalie, petite fille de son âge.


Si le film se pare de plusieurs atours du conte, il en occulte certains qui déséquilibrent dangereusement l'édifice. La narration dévoile tout le long une paisible linéarité qui étouffe toute velléité de rythme. L'intrigue principale met beaucoup trop de temps à se mettre en place et il faut attendre la demi-heure de projection avant de se redresser, mollement, sur son siège. Le lien qui unit Peter à Eliott, essentiel au spectateur pour s'identifier et s'émouvoir, ne fonctionne jamais. La faute à des personnages mal écrits, des situations du banalité abyssale et une mise en scène sous Xanax®. Un des gros écueils du film est cette chose vaguement dragonide répondant au nom d'Eliott. Amalgame improbable d'un labrador, du Falcor de L'histoire sans fin et d'une peluche Cetelem, Eliott n'arrive à aucun moment à faire oublier qu'il n'est qu'un tas de pixel animé. Créatures onirico-numérique sans âme, il grogne dans les basses et dévoile ses yeux humides de toutou pour le plus grand plaisir des bambins indulgents.


A ce manque flagrant d'identification et d'implication vient se greffer un manque d'enjeu. La cruauté, l'adversité, éléments indissociable d'un conte sont ici inexistant. Peter et Eliott ne sont à aucun moment en situation de danger. Les deux scènes de confrontation, dans la forêt pour la capture d'Eliott et le final en voiture, ne provoquent rien d'autre que de l'ennui. En effet, Karl Urban, unique représentant de l'opposition, a beau gesticuler et froncer ses sourcils broussailleux, rien n'y fait. Son personnage, creux et niais, n'a rien à proposer pour mettre à l'épreuve Peter et son entourage. Les personnages secondaires comme ceux de Bryce Dallas Howard ou Robert Redford reste engoncés dans un état sirupeux, coincés dans une relation père-fille surannée.


Pas grand chose à sauver de ce reboot aseptisé et totalement vain, uniquement destiné aux chers têtes blondes dont T'choupi et Petit Ours Brun sont les héros du quotidien. Avec un rien de poésie, une once de cruauté et d'injustice, le vol de ce dragon là aurait pu être moins soporifique.

Alyson_Jensen
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le 22 nov. 2016

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Alyson Jensen

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