Un remake qui vole de ses propres ailes

Je vais être franc. Lors de son annonce, je n'attendais absolument rien de ce projet de remake de Peter et Elliott le Dragon. Déjà parce que cette vilaine manie que Disney a actuellement de refaire les Classiques de notre enfance commence à me taper sur le système mais surtout, pourquoi Peter et Elliott le Dragon? Quel intérêt d'en faire une mise à jour? Ce n'est même pas l'un des films Disney les plus aimés, les plus nostalgiques ou les populaires. Oh bien sûr, le film original a ses fans et tout le monde le connaît au moins de nom mais... pourquoi le refaire? Les studios croient-ils vraiment que les gens vont se déplacer en masse pour voir ça?

D'autant qu'il a fallu attendre les premières infos à la D23 Expo 2015 et la première bande-annonce pour savoir si le film allait se rapprocher d'Alice au Pays des Merveilles et de Maléfique en proposant une relecture d'une histoire que nous connaissons tous ou s'il allait suivre les pas de Cendrillon et du Livre de la Jungle, simples réadaptations des Classiques Disney contenant cependant quelques nouvelles pistes et thématiques.
Et finalement, Peter et Elliott le Dragon version 2016 n'entre dans aucune des deux catégories.

En fait, ce nouveau Disney Live ne reprend du film de 1977 que le titre et réinvente totalement la forme et le fond du long-métrage de Don Chaffey.
Inutile de chercher une quelconque ressemblance là-dedans. Le seul clin d'oeil fait au film original est la reprise de la chanson Candle on the water.
Pour le reste, Peter et Elliott le Dragon pourrait presque être considéré comme un film 100% original.

L'intrigue ne se déroule plus dans une ville portuaire du début du XXème siècle mais dans le Nord-Ouest des États-Unis des années 1980's.
Nous ne sommes plus dans une comédie musicale gentillette mais dans un film-hommage aux productions familiales des années 70's dont Amblin.
Peter n'est plus un orphelin recueilli par une famille incompétente qui va rencontrer un jour Elliott pour échapper à son quotidien mais un enfant sauvage qui a grandi avec le dragon pendant 6 ans dans la forêt sans avoir jamais croisé un humain depuis la mort de ses parents à l'âge de 5 ans.

C'est simple, Peter et Elliott le Dragon est une amélioration de TOUS les éléments du film de Don Chaffey.
Les personnages sont largement plus crédibles et intéressants. En particulier Peter, joué par un Oakes Fegley très bien dirigé, redécouvrant un monde duquel il s'est enfui lui imposant de choisir entre une vie d'animal et un retour à la civilisation. Et non, il n'y a aucune ressemblance avec Le Livre de la Jungle et Tarzan malgré tout ce qu'on aurait pu croire.

Cela fait un bien fou de voir Disney éviter le manichéisme surtout pour un film de ce genre. Oh bien sûr, les héros sont tout beaux tout gentils mais restent humains malgré tout. On croit à leurs liens, on croit à leurs rêves, ils ne sont pas aussi robotiques que dans les dernières réadaptations Live, ils sont vivants, ils sont de vraies personnes au-delà des besoins du script.
Même le méchant évident qu'est Gavin, joué par Karl Urban, n'est pas unidimensionnel comme on aurait pu le croire.

.

David Lowery sait capter la beauté et la pureté du moment. Il donne à ses images un charme naturel qui s'allie parfaitement avec la simplicité de sa mise en scène. Le réalisateur sait filmer avec talent les moments les plus intimes entre les personnages et rendre leurs émotions réelles. C'est une histoire qui n'a pas pour but de surprendre mais d'émouvoir. Et elle y arrive à merveille.
N'oublions pas au passage que le film est parfaitement rythmé. À aucun moment ça ne va trop vite, chaque scène dure exactement la bonne durée pour émouvoir le spectateur. Et ça devient de plus en plus rare ces derniers temps pour les films familiaux.

Peter et Elliott le Dragon ne dispose pas de moyens aussi élevés que pour des films comme Le Livre de la Jungle, son budget n'étant que de 65 millions de $, mais il arrive pourtant à livrer des images aussi belles que dans les dernières réadaptations Live. Même Elliott, entièrement fait en images de synthèses passe finalement très bien (l'idée de le rendre proche d'un chien géant n'est pas sans faire rappeler Falkor dans L'Histoire sans Fin), il est tout aussi expressif et attachant que dans le premier film.
La musique de Daniel Hart et de Lindsey Stirling, quant à elle, fait le boulot et accompagne bien les moments forts du film. On retiendra surtout la chanson de fin "Something Wild".

Si l'on en croit les dernières rumeurs, David Lowery n'en aurait pas fini avec les Studios Disney et projetterait même de s'attaquer à une autre histoire bien connue de tous, celle de Peter Pan à travers une nouvelle réadaptation en images réelles inspirée du Classique de 1953.
Si je n'étais pas motivé par cette idée au départ, je suis finalement assez curieux et intrigué de voir ce que cela peut donner maintenant que le metteur en scène a fait ses preuves.
Rempli de purs moments de tendresse, Peter et Elliott le Dragon est une merveilleuse surprise qui se place sans difficulté parmi les meilleurs films Disney en images réelles de ces dernières années.
Un des plus beaux films de l'été. Magique, beau et émouvant. Un vrai Disney.