--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au vingt-troisième épisode de la sixième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/The_Invisibles/2413896
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
Disney n'a généralement pas la côte dans le mois-monstre, mais il semblerait bien que l'homme invisible n'a que faire des traditions. S’affranchissant purement et simplement de la Hammer (à mon grand désespoir), l’énergumène s'acoquine étrangement avec la major de Mickey Mouse. Après un désastreux passage par Disney Channel, et avant une très intriguante incursion du coté des Disney live-action (Pas vu, pas pris, je t'attends de pied ferme), c'est avec une curiosité amusée que je me lançais aujourd'hui dans l'un des classique d'animation Disney : Peter et Elliott le dragon.
Et d'une certaine manière, Peter et Elliott le dragon était exactement le film qu'il me fallait à ce stade de mon enquête. Car même si le dragon de Peter se sert aussi bien de son don d'invisibilité que Harry de sa cape, le film s'ancre parfaitement, si ce n'est dans un cycle sur l'invisibilité, au moins dans la thématique récurrente de mon obsession qu'est le monstre. Le monstre en général. Un dragon par exemple, invisible ici, anecdotiquement. Je serai bien incapable de faire la critique d'un classique Disney. Celui-ci était l'un des rares rescapés ayant échappé à ma première crise de boulimie cinéphilique (qui avait consisté en un rattrapage méthodique de tous les films de la firme qui n'avaient pas fait partie de mon enfance), je le découvrais bel et bien pour la première fois ce soir, mais ce n'est visiblement pas suffisant pour m'autoriser un pas de recul, me défaire de l'émerveillement et de la sensation de bien-être extatique qui m'envahit dès que la mélodie-hymne de Quand on prie la bonne étoile se fait fredonner par le logo ouvrant le film. Bref, fi des dragons et des loups-garous et des homme-invisibles et de toutes les créatures d'Halloween, j'avais huit ans ce soir à nouveau et je ne dirais pas un mot éclairé, ni des chansons peut être une peu trop présentes qui m'ont fait dodeliner joyeusement de la tête, ni des effets spéciaux peut être pas toujours très réussi permettant de mêler animation et prise de vue réelle qui m'ont arraché plusieurs sourires niais, ni même de ses personnages peut-être outrageusement clichés, mais qui, que ce soit la femme éfrontée et inspirante qu'est Nora, ou le méchant dandy dans la plus pure lignée des vilains Disney, m'ont fait me sentir infiniment enthousiaste vis-à-vis de leurs aventures et déboires. Mais qu'importe, car le film, s'il n'apporte pas sa pierre à l'édifice en tant que film, l'apporte avec son sujet du monstre. Curieux pour un Disney, pas vrai ? Le discours est archi-classique, et a été revisité des millions de fois après et avant 1977, mais cet conte enfantin se permet pour une fois de l'oraliser tel quel :
« -Docteur, si ce que je disais était vrai, si un dragon existait réellement, que diriez vous ?
-Si son existence étaient prouvée, nous serions forcés de reconsidérer bon nombre de nos positions. Mythologies et légendes feraient parti de la science. Et je pourrais en tirer un certain profit »
Voila en deux lignes de dialogue résumé un siècle du seul cauchemar qui hante toute créature : se faire découvrir par les humains, devenir un sujet d'étude scientifique et se faire découper en petit morceau dans un laboratoire. C'est pour cette unique raison, voyant la science galopante nous foncer droit dessus, que toutes les espèces fantastiques, la mienne parmi les premières, se sont retirées de l'espace publique, et ont dissimulé leur Histoire derrières des contes et des légendes. De quoi ont découlés les genre de l'horreur, du fantastique et de la fantasy, et au final mon profond désir de les étudier, en tant que possibles biopics et récits historiques, pour en apprendre plus sur les peuples de la nuit, et toutes créatures vivant dans la crainte de se faire capturer par le docteur fou et enfermé dans son laboratoire. Et cela inclut mon fameux homme-invisible. Terrifié d'être découvert, comme nous tous, mais en même temps volontairement dans cette condition, comme me l'ont démontrés les films précédents. Et pourtant il ne vit pas en meute comme nous autres, ni en essaim comme mes cousins vampires, ni en secte comme mes sœurs sorcières. C'est une créature qui doit se sentir infiniment seule, enfermé dans sa démence. Et moi, par trop d'empathie, ou parce que j'ai enfin réussi à trouver une excuse à ma curiosité dévorante, je ne peux qu'avoir envie de le sortir de là. Quels qu'en soient les dangers.