6 ans après la tentative semi-ratée de résurrection du genre disneyen représentée par L'Apprentie Sorcière de Robert Stevenson, les Studios Disney, toujours en pleine panne créative, ne perdent pas espoir de retrouver les faveurs du public avec un mélange Live Action / Animation 2D et relancent l'idée d'adapter sur grand écran l'histoire de Peter et Elliott le Dragon écrite par Seton I. Miller et S.S. Field. La boîte aux grandes oreilles espère toujours que le nouveau Mary Poppins arrivera.
À l'origine, Peter et Elliott le Dragon devait être supervisé par Walt Disney dans les années 1950 pour être diffusé à la télévision sur The Wonderful World of Disney et le tout pour une durée de 45 minutes. Dans cette petite histoire, Elliott n'était que l'ami imaginaire de Peter que ce dernier inventait afin d'échapper à la dureté de sa vie solitaire. Mais le projet ne fit pas long feu et fût abandonné avant d'être ressorti des tiroirs pour être mis à jour par Jerome Courtland voulant qu'Elliott apparaisse durant une scène de rêve. L'idée étant jugée inutile, les équipes vont retravailler le scénario pour que finalement, Elliott soit un vrai personnage.
Et la décision la plus surprenante mais digne d'intérêt est de faire du dragon un personnage entièrement en animation traditionnelle. C'est non seulement une très bonne idée de mise en scène car ainsi, Elliott paraît encore plus impressionnant et irréel par rapport aux humains qui l'entourent (chose qui aurait été encore mieux si le personnage n'existait que dans la tête de Peter mais bon..) mais la réussite technique du film en est encore plus mémorable. Tous les trucages pour l'incorporer au décor sont bluffants et son animation (gérée par les animateurs alors inconnus Ron Clements, Don Bluth et Glen Keane) est irréprochable.
Très drôle et attachant, Elliott le dragon est de loin le meilleur élément du film, ce qui n'est malheureusement pas trop le cas de son jeune protégé et ami. Peter, joué par Sean Marshall, est malheureusement assez fade en tant que personnage et n'arrive pas à émouvoir les spectateurs malgré les quelques scènes assez bien pensées entre lui et son meilleur ami surnaturel (
j'apprécie le fait qu'une fois que Peter ait trouvé sa "famille", Elliott lui fasse ses adieux pour partir vers d'autres horizons comme s'il était un ange gardien pour tous les autres enfants du monde ayant rempli sa mission
).
Les personnages secondaires sont heureusement bien plus appréciables tant du côté des gentils que des méchants. Nora, femme forte mais aimante, est très bien campée par Helen Reddy qui donne beaucoup de personnalité à la mère que Peter rêve d'avoir tandis que Mickey Rooney incarne un sympathique papy alcoolique qui donne le sourire.
Et l'antagoniste principal du film n'est pas à oublier. Totalement excentrique et enfermé dans un cliché de docteur manipulateur et menteur qui ne se sépare jamais de son homme à tout-faire bêta, il est l'une des meilleures surprises du long-métrage!
Seule la Famille Gogan ne convainc pas, n'étant ni marrante ni effrayante.
Voulant recopier la formule Mary Poppins, Peter et Elliott le Dragon est évidemment doté de plusieurs séquences chantées composées par Al Kasha et Joel Hirschhorn. Seulement voilà, les mélodies des deux compositeurs sont toutes assez oubliables et n'égalent à aucun moment les trouvailles musicales des Frères Sherman pour Mary Poppins et L'Apprentie Sorcière. On ne retiendra que 2 ou 3 morceaux sur un total de 10 chansons (12 si on compte la version longue!), ce qui fait assez mal.
Don Chaffey, habitué aux productions Disney, fait le boulot derrière la caméra mais n'a clairement pas la même maîtrise rythmique que Robert Stevenson. Il faudra attendre une bonne heure pour que l'histoire commence réellement à décoller.
Bien qu'étant rentable à sa sortie en 1977, Peter et Elliott le Dragon n'atteindra pas les scores prévus par Walt Disney Pictures et la critique prendra un malin plaisir à le critiquer sévèrement en le comparant à son modèle évident, Mary Poppins.
Si ses défauts sont évidents, Peter et Elliott le Dragon reste malgré tout une découverte agréable dans la filmographie des Studios Disney qui ne révolutionne pas le genre mais qui permet de passer au moins un bon moment. Mais il ne faut pas lui en demander plus.