Malgré la vente des droits d'adaptation du célèbre roman de J.M. Barrie par la Paramount aux Studios Disney en 1939, la boîte aux grandes oreilles va mettre 10 ans avant de lancer officiellement la production de Peter Pan à cause de ses problèmes budgétaires et des conséquences financières de la Guerre. Et même si Alice au Pays des Merveilles sera sévèrement (et injustement) critiqué à sa sortie, le prochain Classique du Papa de Mickey est bien trop avancé pour tout arrêter. Les pertes d'argent seraient encore plus dures à supporter si la production est stoppée.
De tous les Grands Classiques Disney sortis sous l'oeil bienveillant de l'Oncle Walt, Peter Pan doit se classer comme un des plus nostalgiques, peut-être même LE plus nostalgique. Croire au fait que des enfants peuvent ne jamais grandir et battre à plate couture de grands adultes armés jusqu'aux dents, c'est un petit fantasme que nous avons tous eu à une période de notre vie. De plus, dans la catégorie des dessins animés plus classiques et enchanteurs, Peter Pan s'inscrit complètement dans cette lignée.
Il correspond le mieux à la vision que peut avoir le grand public sur les réalisations de la boîtes aux grandes oreilles. La majorité du dessin animé se passe dans la bonne humeur et multiplie les personnages hauts en couleur (pirates, indiens, sirènes etc...) tout en sachant cependant où et quand le drame doit intervenir. Même si on est devant un film plus classique que ce qu'a pu nous proposer Alice au Pays des Merveilles, le spectateur reste investi et intrigué tout le long des 77 minutes.
Peter Pan est avant tout un film d'aventures censé divertir et amuser mais il n'en oublie pas d'encourager également la réflexion.
Beaucoup ont critiqué la vision de Walt Disney sur le personnage de Peter Pan, vu trop positivement aux yeux des autres protagonistes mais pourtant, c'est le choix final de Wendy de ne pas choisir la voie trop facile qu'a pris son "hôte" qui rajoute la seconde lecture qu'on attend d'un Classique signé Disney. Les Enfants Perdus sont réveillés par le côté maternel de la jeune fille et le Pays Imaginaire semble alors plus teinté de regrets que le paradis décrit par Peter Pan.
Le film sait parfaitement comment enseigner aux enfants que la jeunesse éternelle n'est pas un bien mais une facilité comportant de nombreux inconvénients. Enlevons la présence des pirates et nous avons un quotidien ne changeant jamais. Nos héros sont condamnés à vivre sur le même lieu infiniment en rejetant tout ce qui les rattachait à leurs familles et ils y perdent le goût du défi, celui de devoir grandir. Ils n'ont dès lors plus de motivations ou de raisons de continuer à vivre si ce n'est pour l'amusement répétitif et même dangereux. À ne recevoir que des paillettes dans les yeux, ils en oublient les choses les plus simples et pourtant les plus importantes.
Techniquement, Peter Pan poursuit l'évolution de la filmographie des Walt Disney Animation Studios par l'utilisation de la caméra multiplane offrant un rendu toujours aussi saisissant de la scène de vol au-dessus de Londres. La bande-originale ne souffre d'aucune critique tant les chansons sont absolument merveilleuses et la musique d'Oliver Wallace toute aussi réussie.
Et comment oublier le duo de choc Capitaine Crochet/Monsieur Mouche? Clairement la force humoristique du film, leurs confrontations avec le crocodile figurent parmi les moments les plus hilarants des Classiques Disney.
Bien mieux accueilli qu'Alice au Pays des Merveilles à son époque, Peter Pan est acclamé par le public et reçoit un accueil bien plus favorable de la part de la presse malgré des critiques persistant à démonter les films de la Compagnie par rapport aux oeuvres originales et des polémiques ridicules.
Superbe divertissement remplissant comme il faut son contrat, Peter Pan est un énième film culte des Studios Disney qui n'a pas volé sa réputation. On ne se lassera jamais de s'envoler vers la deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin.