Peter Pan 2: Retour au Pays Imaginaire a à mes yeux une certaine valeur. C'est non seulement le premier film Disney que j'ai vu au cinéma mais également le deuxième film tout court que j'ai vu au cinéma. Comme tous les bambins de l'époque, j'avais passé un moment magique devant cette suite en retrouvant tous les personnages cultes du premier film de 1953.
Seulement, à l'époque, je n'avais pas conscience que cette suite faisait partie du Troisième Âge Noir visant juste à profiter de l'enfance du public pour la massacrer à coup de pioche. Aujourd'hui, j'ai grandi, et c'est sans surprise que mon avis sur ce film est plus ou moins le même que la quasi-totalité des spectateurs.
Ce deuxième volet, contrairement aux précédentes suites produites par DisneyToon Studios, est également la première suite Disney de la "boîte violeuse" à être sortie au cinéma. Pour quelle raison exactement, je n'en sais rien. D'autant que les chiffres ne seront pas plus élevés par rapport à une distribution en VHS (en témoigne le succès incompréhensible de Cendrillon 2).
Pour autant, il faut bien le souligner. Peter Pan 2 n'est ni la meilleure ni la pire suite que nous ayons eu chez la boîte aux grandes oreilles. Et contrairement à ses congénères, elle avait un réel potentiel et laissait même de l'espoir dans sa première partie.
J'ai été étonné en lançant le film sur mon lecteur DVD d'être véritablement pris dès l'introduction.
Le contexte est étonnamment réussi. Peter Pan 2 reprend plus ou moins une trentaine d'années après la fin du premier film. Wendy, désormais adulte et mère de deux enfants, doit laisser son mari partir à la guerre et attendre son retour pendant plusieurs années dans un pays ravagé par les combats. Sa fille, Jeanne, vivant depuis son enfance dans cet environnement néfaste, préfère rester réaliste face à la situation plutôt que de se laisser berner par des histoires aussi enfantines que celle de Peter Pan. Vivant dans un monde sans espoir, tout ce qui reste de son enfance n'est que du passé et quand sa mère vient à lui annoncer que malgré ses efforts, elle va être contrainte de partir loin de Londres à l'abri des bombes, notre héroïne craque.
Voilà. En un quart d'heure, tout est installé. Nos personnages, le contexte, les dilemmes, le tout est même suivi d'une chanson assez belle et fort bien interprétée par Natalie Fauran (Je crois).
Arrivé à ce stade du film, l'espoir est là. Les "artistes" de DisneyToon Studios semblent avoir enfin compris comment faire évoluer le premier long-métrage tout en apportant de la nouveauté.
Enfin, ce n'était plus arrivé depuis Le Roi Lion 2, il semblerait qu'on va enfin avoir une suite acceptable.
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Puis le film se rappelle qu'il se nomme "Retour au Pays Imaginaire".
C'est là qu'arrivent les pirates à bord du Jolly Roger menés par le Capitaine Crochet qui kidnappent Jeanne en la confondant avec Wendy et qui l'emmènent au Pays Imaginaire.
Voilà. En 2 minutes, le film vient de se tirer une balle dans le pied. Et ça ne fait que commencer. Comment les pirates peuvent-ils savoir que Wendy habite exactement dans cette maison parmi les millions qui composent la planète? Comment ont-ils pu se retrouver à Londres? Comment personne ne peut remarquer un bateau volant au-dessus d'une maison? Comment peut-on confondre Jeanne avec Wendy? Pourquoi les avions ne tirent-ils pas sur le Jolly Roger?
Il va falloir s'habituer à ce genre de questions car le film nous en réserve bien d'autres.
Une fois arrivé au Pays Imaginaire, le spectateur va non seulement pouvoir constater que la 2D et les images 3D sont très mal mélangées (le Jolly Roger se posant sur l'eau, dégueulasse), en même temps qu'attendre d'un film à 20 millions de $ de budget prévu initialement pour le marché de la vidéo, mais également assister à la plus grosse trahison de cette suite: Le crocodile est remplacé par une pieuvre géante.
Parce que c'est clair qu'il était nécessaire de virer le personnage le plus hilarant du premier film pour le remplacer par un animal totalement insipide qui ne fera en plus de ça que des références à son prédécesseur (mais pourquoi fait-il le bruit du réveille-matin avec ses tentacules?!) pendant la totalité du film. Et je ne parle pas bien entendu du fait qu'il ne fait que rajouter encore plus d'incohérences dans tout ce bordel (si cette pieuvre est aussi grande, pourquoi ne monte-elle pas sur le navire pour avaler tout cru le Capitaine?! Et pourquoi aucun pirate ne la dégomme à coup de canon alors qu'elle reste près du navire sans bouger?!).
J'éviterai de commenter le reste du deuxième tiers tant Peter Pan 2 retombe dans tous les travers des suites Disney en nous bombardant de gags idiots (il en faut du courage pour supporter les Enfants Perdus), de scènes inutiles (toute la séquence du massage de Crochet) et encore plus d'idioties scénaristiques (sérieux? Ils ont reconstruit l'Arbre du Pendu exactement au même endroit où il a explosé pendant le premier film?!).
Si le personnage de Jeanne continue à être correctement traité, tous les autres perdent de leur saveur. On apprécie à aucun moment d'être au Pays Imaginaire tant tout devient prévisible à souhait, pas drôle et fade. On ne découvre absolument rien de nouveau.
Arrive alors l'une des scènes plus stupides de tout le film (je préfère avancer au climax si ça ne vous dérange pas, le reste est sans intérêt).
Voulant à tout prix rentrer chez elle, Jeanne va passer un accord avec Crochet. Ce dernier la reconduira à Londres si elle retrouve le trésor que Peter et sa bande ont volé aux pirates. Dès qu'elle l'aura trouvé, elle n'aura qu'à siffler dans un sifflet pour que Crochet sache où elle est.
Elle finit par retrouver le trésor mais refuse de siffler, s'étant lié d'amitié avec tous les enfants perdus. Elle jette donc le sifflet au loin dans la mer mais ce dernier sera finalement pris par un enfant perdu qui sifflera aussitôt dedans, permettant aux pirates d'aussitôt attaquer et capturer Peter sur l'instant.
Donc:
Comment un sifflet peut-il résonner à travers une île de plusieurs centaines de kilomètres?!
Comment a-t-il pu revenir aussi vite au bord de la plage après que Jeanne l'ait lancé?!
Comment les pirates ont-il pu se téléporter en une seconde après avoir entendu le signal?!
Et supposons qu'ils étaient déjà cachés dans la grotte et qu'ils voulaient uniquement attendre pour faire passer Jeanne pour la responsable (ce qui est totalement débile), pourquoi n'ont-ils pas immédiatement attaqué quand ils ont vu la jeune fille balancer le sifflet à la mer?! Et quel était le pourcentage de chances pour qu'un enfant perdu le récupère et siffle?!
Ce passage du film est, comme le kidnapping de Jeanne, représentatif du peu de soin apporté au scénario alors qu'il doit s'agir de la partie la plus importante. Toute la sous-intrigue centrée sur Clochette n'a au final que peu d'intérêt si ce n'est le développement de Jeanne.
Le final est on ne peut plus basique, se contentant de reprendre les mêmes couleurs, le même déroulement et les mêmes faux raccords (la disposition des mats n'a aucun sens) que dans le premier film. Sauf que là où l'action du premier Peter Pan était très divertissante, celle de ce deuxième film est quasi-inexistante car Eh! Faut pas choquer les gosses avec de la violence.
Finalement, Jeanne, après tout son parcours au Pays Imaginaire, rentre chez elle et s'excuse auprès de sa famille.
On a le droit à une excellente scène étonnamment bien écrite où Wendy et Peter se retrouvent 30 ans après. Très peu de mots, assez lente, pas de surdramatisation, la scène est excellente.
On retrouve enfin la qualité d'écriture du premier quart d'heure... jusqu'au retour sorti de nulle part du mari de Wendy histoire de conclure sur un beau happy ending pas du tout forcé (je tiens à rappeler que 3/4 d'heure avant, tout le monde devait évacuer la ville mais apparemment, non, la guerre est déjà finie, quel coup de bol).
C'était donc Peter Pan 2: Retour au Pays Imaginaire. Et qu'est-ce que c'est frustrant.
On a l'impression que deux scénaristes se sont partagés le boulot. Un s'est chargé de la partie dans le monde réel et l'autre de celle au Pays Imaginaire.
C'est tellement énervant quand on voit à quel point les 15 premières minutes et les 2 dernières sont réussies alors que toute la partie censée être la plus attendue et la meilleure enterre le film. Tous les messages que communique le film, à l'inverse de quasiment toutes les suites, sont excellents. On aimerait qu'il y ait un deuxième tiers solide pour faire la transition vers la toute fin.
Ce n'est malheureusement pas le cas.
On retiendra surtout de ce Peter Pan 2 qu'on peut avoir d'excellentes idées pour faire de bonnes suites. La question est de savoir si on peut bien les exploiter. Ce n'est malheureusement pas le cas ici.
Un gros gâchis qui commençait pourtant si bien.