Apocalypse cow
Petit Paysan commence par une scène onirique, qui mélange habilement le cocasse et l’angoisse, et semble un écho à celle qui ouvrait le fantastique Exercice de l’Etat de Pierre Schoeller : une entrée...
le 13 janv. 2018
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Petit paysan est un film de fiction très documenté, l’auteur sait de quoi il parle, il est issue du monde rural et l’histoire raconte ce qui aurait pu être sa vie s’il n’avait pas décidé de faire du cinéma. L’action se passe dans l’ancienne exploitation familiale d’une trentaine de vaches laitières et ses parents ainsi que son grand père y tiennent des petits rôles. C’est dire si cette fiction est vue de l’intérieur et fait très vraie, avec les détails professionnels très précisément restitués.
S’il est très ancré dans la réalité, le film commence néanmoins par un rêve très révélateur de la vie de Pierre : ce trentenaire obsédé par son travail, rêve qu’il se réveille la nuit au milieu de ses vaches, dans son appartement et qu’il doit se frayer un passage pour aller préparer son petit déjeuner. Et effectivement, comme on va le voir, ses vaches sont toute sa vie.
Aussi, quand il entend parler d’une épidémie bovine en provenance de la Belgique voisine, sa vie bascule dans l’angoisse que son bétail soit touché et dans le drame, quand il découvre qu’une vache est malade. Et le film, qui jusque là était proche du documentaire, va lui aussi basculer dans le thriller psychologique.
Malgré quelques bouffées d’oxygène données par des situations plus légères (sa mère qui ne veut pas partir en vacances, la boulangère qui lui fait de l’oeil, les copains qui veulent s'amuser, la déclaration bidon chez les flics) le film reste très resserré sur son sujet, qui est tout de même très âpre. Fort heureusement, il n’y a pas d’excès de pathos, ni une course au spectaculaire, mais le sujet reste dur. On en sort remué.
On a droit à une scène de vêlage réel, assez impressionnante et à une autre de l’abattage d’une vache, filmée comme une scène de meurtre, suivi d’un camouflage du corps, très saisissante. La montée de l’angoisse de Pierre est bien rendue, tout comme sa tentative désespérée de sauver ses bêtes. Sa complicité avec sa sœur vétérinaire (qui représente sa voix de la raison) est une très bonne idée du scénario. L’escapade en Belgique est, de mon point de vue, en revanche ratée et je pense qu’il manque une scène forte pour faire le lien entre la partie thriller psychologique et le final, sobre et poignant (sauf le dernier plan, tout à fait dispensable, mais là, je pinaille).
Les acteurs sont convaincants, spécialement Swann Arlaud, habité par son rôle et les vaches sont très dignement filmées. La mise en scène est assez classique, mais non dénuée de gros plans biens sentis, tant sur les hommes que sur les bovins. La photo est bien travaillée, avec une teinte solaire au début, pour devenir plus sombre ensuite.
Ce qui est réussi, outre le coté documentaire, c’est qu’ on voit bien que Pierre est attaché à ses bêtes, qu’il vit son métier d’éleveur de façon viscérale et que c’est forcément un drame pour lui s’il doit laisser abattre toutes ses vaches. Ça a l’air tout simple, quand on y pense de manière froide et théorique : principe de précaution, quand une vache est malade, tout le troupeau doit être abattu.
Quand on est paysan et qu’on travaille avec les bêtes, c’est forcément moins évident. On imagine aussi vaguement ce qu'ont dû ressentir les éleveurs touchés par la vache folle...
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Créée
le 7 sept. 2017
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