Un malaise traverse le film

Évidemment, beaucoup d'émotions. Belles images, belles musiques. Cette frimousse d'enfant et ses yeux tremblants de larmes…

Mais un malaise traverse le film.
Beaucoup de « fantômes » et l'impression qu'on passe à côté du sujet.

On voit les choses du côté de la mère. C'est assumé. OK. Ceux qui la contrarient ont choisi de ne pas s'exprimer devant la caméra. Ils auront leurs raisons (attention à ne pas les condamner par contumace…).

Impression que la transidentité est ici un chiffon rouge qui excite tout le monde (« pour » ou « contre »). Impression d'être à la surface des choses.
L'enfant figure là uniquement à partir de la question de son sexe/genre. À part ça, qui est-il ?

Impression qu'on joue avec le sujet. Une caméra chez le psy, vraiment ?

La voix de la mère tombe dans le vide quand elle évoque les « plusieurs petites filles » qu'elle a perdues. Quand elle manifeste un besoin de parler, de se confier.

Elle sera interrompue par un "Non" de la psychiatre. Certificat médical, coup de tampon, étiquette.

Ce n'est pas un garçon, c'est une fille. Fin de la discussion. Pompons roses et Reine des Neiges.

Est-on sûr que c'est là le récit d'une émancipation ?

L'homme n'est si infortuné que parce que mille âmes habitent un seul corps.
(Arthur Cravan)