Ce petit film, premier long-métrage de Julie Lerat-Gersant, entre dans la tradition assez française des œuvres sociales se situant dans des centres d’accueil, quels qu’ils soient. On a eu des films sur ceux avec des sans-papiers, ceux avec des jeunes en difficulté, ceux avec des femmes battues et ici pour « Petites » c’est une structure pour les jeunes filles-mères. On y suit donc la grossesse de l’une d’entre elles de son placement dans un de ces centres à Caen jusque son accouchement. Le film dure un peu moins d’une heure et trente minutes et c’est juste bien mais il manque de lignes narratives et d’enjeux plus développées. En effet, plusieurs fois, on se dit qu’un documentaire eut été plus adapté au sujet vu le traitement employé par la jeune cinéaste malgré quelques belles idées de mise en scène. Car cette chronique sociale a un peu la bobine coincée entre deux projecteurs et se heurte parfois à cet entre-deux allant de la fiction au documentaire.
La justesse de jeu de ses jeunes interprètes est pour beaucoup dans le réalisme de « Petites ». La jeune Pily Groyne tient le rôle principal avec beaucoup d’aplomb, c’est une belle révélation. Lucie Charles-Alfred, déjà vue dans le même type de films l’an passé mais en mode plus comique (« Placés » qui se déroulait dans un foyer d’accueil pour jeunes puis « La Traversée » qui voyait le même genre de jeunes en sortie maritime) l’est tout autant. Cette dernière est certes douée pour ce type de rôle et sa dernière scène est bouleversante mais elle risque de se faire enfermer dans une case à enchaîner les compositions similaires... Au-delà de ça, il y a une belle énergie qui ressort de ce groupe de filles et le film montre bien les embûches d’être mère si jeune quand on veut encore s’amuser et qu’on n’a pas la maturité. On présente aussi le dilemme entre garder l’enfant et accoucher sous X mais sans rentrer plus en amont dans cette réflexion et c’est dommage.
« Petites » ne marquera cependant pas forcément nos mémoires pour ses qualités cinématographiques, loin d’être évidentes, mais il fait entendre sa petite musique. On a parfois un peu l’impression d’un téléfilm destiné à illustrer un sujet de société avec débat à la clé ensuite. Il y a aussi quelques petites longueurs malgré la courte durée du film tout comme quelques scènes fortes (celles de la dispute entre la jeune fille et sa mère, celle avec la crise d’asthme, ...). Bref, ce long-métrage est prometteur mais n’invente rien en ce qui concerne le film social à tendance féministe. On a déjà vu plus beau et plus fort, mais il n’en demeure pas moins un joli petit film sur ces jeunes filles trop jeunes pour être mères.
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