Bruno et les femmes, telle est la formule qui pourrait résumer le sujet de Bonitzer. Daniel Auteuil compose le personnage central de ce film d'apparence austère mais dans lequel le comportement des protagonistes relève finalement de la comédie sentimentale.
Bruno passe éperdument d'une femme à l'autre, non pas dans une attitude de prédateur mais parce qu'il est incapable d'être seul, de se passer d'une présence féminine. Séducteur fébrile et indécis, il n'est pas davantage apte à entretenir une vraie relation et ses tergiversations, ses faux engagements se retournent forcément contre lui, lui occasionnant à chaque fois des "petites coupures", blessures ou morsures symboliques stigmatisant ses maladresses et ses déconvenues. Et Bonitzer semble vouloir opposer l'irrésolution de Bruno à ses convictions d'idéologue (communiste), fidèle au moins à ses théories politiques.
C'est un film aux personnages originaux, parfois cocasses -avec, donnant la réplique à Bruno, ces jeunes femmes déstabilisées par son attitude- au terme duquel la personnalité de Bruno n'apparait pas tout à fait élucidée. Ce film, avec ses dialogues chargés de sens et ses caractères finement composés, témoigne d'un certain cinéma français: intelligent mais étriqué; un cinéma un peu figé et volontiers intello, on n'ose pas dire nombriliste, porté à la rhétorique et dépourvu de passion, de sensibilité, d'invention. Cela n'enlève rien à la jolie prestation d'amant égaré de Daniel Auteuil.