Depuis le magnifique La soledad, l'espagnol Jaime Rosales n'en finit pas de décevoir, de Un tir dans la tête à La belle jeunesse. Petra commence pourtant bien avec sa construction en chapitres, dans un ordre non chronologique et une mise en scène aux lents travellings qui semble aérer l'espace. Nous sommes dans un mélodrame, un peu distancié, rien à voir donc avec la magnificence d'un Sirk ou l'exubérance d'un Almodovar. Ce dernier aurait d'ailleurs pu tourner le scénario de Petra et il en aurait sans doute fait un monument délectable de kitsch et de baroque. Ce n'est assurément pas le tempérament de Jaime Rosales qui, pris par les multiples rebondissements, livre une production proche du ridicule, chaque révélation de (fausse) paternité ajoutant un élément à une narration aussi chargée qu'un feuilleton à l'eau de rose (ou de rosse si l'on considère la cruauté de l'ensemble). Après plusieurs morts violentes, il y a soit le choix d'en rire ou celui de hausser les épaules d'agacement. Et pourtant, dans ce marécage rendu prétentieux par une réalisation finalement répétitive et un récit englué dans les ellipses, il y a une actrice splendide : Barbara Lennie, vue dernièrement dans Everybody knows et surtout dans Notre enfant. A elle seule, elle sauve le film de la noyade et même du grotesque.