Je n'avais pas peur du noir, avant.
Ce film est tout droit issu des petites mains de six illustrateurs de génie. Leur projet ? Retranscrire par l'animation 2D ( suffisamment rare pour être précisé ) toutes les petites peurs cachées au plus profond de chacun. Peur(s) du noir a gagné son pari, on se laisse transporter dans l'univers malsain de chacune des histoires, on se prend facilement au jeu.
Peur(s) du noir se présente sous la forme de six courts dessins animés, tous réalisés en noir et blanc dans un style très épuré. Entre chaque dessin animé, on retrouve une petite intervention vocale retraçant d'une peur en particulier, la voix décortique, tente de comprendre, hurle et s'enraille... Et on se surprend à se sentir visé. Le quotidien parait alors si angoissant..
Personnellement, j'ai adoré le style visuel de ce film, c'est si surprenant et décalé que l'on ne peut qu'adorer ou détester. On distingue parfois les coups de crayon, les ombrages. Ces artistes sont bruts, leurs traits sont pareils à la peur : vifs, instinctifs, surprenants. De plus, certains artistes ont pris énormément de risques en se lançant dans ce projet. Notamment Marie Caillou, illustratrice haute en couleur, pour qui dessiner en valeur de gris afin de traiter le sujet de l'horreur était un véritable défi, relevé haut la main !
Les différents scénarios sont réellement déstabilisants. La peur est omniprésente et tellement bien traitée qu'il est difficile de soutenir son angoisse. Histoires simples dans lesquelles on pénètre rapidement, suspens maintenu jusqu'à la fin, très peu de violence mais de la vraie frousse.
Véritables dessin animé pour adultes, où les démons japonais et autres chiens tueurs mènent la danse, Peur(s) du noir n'est pas à laisser entre toutes les mains.
Cela faisait un moment que je m'étais promis de regarder Peur(s) du noir mais mon appréhension était grande. Et si ce film était destiné à un jeune public ? Et si je n'accrochais pas du tout aux illustrations ? Et si tout bonnement je n'avais pas peur ? Et j'ai réalisé que j'avais déjà peur, peur d'être déçue, peur de ne pas me sentir concernée, peur de ne pas réussir à m'immiscer dans l'univers visuel... Alors Peur(s) du noir avait déjà gagné, je n'avais rien à perdre.