Phantasm premier du nom marcha bien au box-office, rapportant près de 12 millions pour un budget de 300.000 dollars. Ce n'est pourtant que près de 9 ans plus tard que Don Coscarelli reviendra au film qui lui aura apporté reconnaissance et notoriété, après un passage à vide à Hollywood suite au flop en 1982 de son Dar L'Invincible, qui, sans être déficitaire pour autant, était très loin des résultats escomptés. En effet il aura aussi longtemps que possible repoussé les appels de coudes lui suggérant de faire cette suite, sans doute dans l'optique de ne pas finir prisonnier de ce qui l'a révélé (ce qui fut, malheureusement pour ses autres projets, plus ou moins le cas au bout du compte) mais face aux portes que son dernier échec au box-office lui aura fermé aussi vite que son premier succès les lui avait ouvertes et à la stagnation d'autres projets qu'il n'a jamais pu monter faute de fonds, il finit par s'y résigner. Il ne se doutait alors sûrement pas que l'original de sa future franchise culte resterait de toute façon le plus gros succès de sa carrière et que le véritable échec de son dernier opus venait sans doute bien plus probablement d'une toute autre raison ...
Et Hollywood non plus apparemment. Enfin du moins en partie. Car si ses petits gars ne se sentaient de toute évidence pas prêts à lui confier à nouveau les rennes d'un projet neuf et potentiellement risqué, ils étaient en revanche manifestement assez intéressés par l'éventualité qu'il puisse réitérer le succès de l'original pour pouvoir cette fois y goûter à leur tour. Don Coscarelli trouva en effet en les producteurs d'Universal une source de financement inespérée pour le film, ces derniers lui offrant pas moins de 3 millions pour pouvoir mener à bien sa suite. Cela peut sembler dérisoire dit comme cela, mais il faut garder en tête qu'en plus d'être encore aujourd'hui le deuxième plus gros budget de la carrière du réalisateur après celui de Dar L'Invincible - et au passage le plus gros budget dont aura jamais bénéficié un film de la saga Phantasm -, cette somme ne représente en plus pas moins de 10 fois le budget de l'original. Et effectivement, quand on se souvient du résultat auquel était parvenu le réalisateur sur l'original, la simple perspective de se demander ce qu'il pourrait bien nous concocter avec 10 fois plus avait de quoi en faire fantasmer plus d'un, sans mauvais jeu de mots.
Mais, malheureusement comme assez souvent dans ce genre de cas de figures, c'était bien sûr sans compter sur la source de ce financement et tout ce qu'elle allait impliquer dans le processus de création du film. Car si Phantasm II aura bien prouvé quelque chose vis à vis de Don Coscarelli, c'est que le moule Hollywoodien lui est définitivement bien trop inconfortable, contraignant et calibré pour lui permettre de s'y exprimer vraiment et d'y déployer son imaginaire, qui s'y trouve au contraire bien confiné et timoré. Et que c'est sans doute la vraie raison de ses échecs commerciaux plus ou moins relatifs et du bilan artistique mitigé de ses rares tentatives de percer dans ce milieu ...
Car oui, si je me suis bien gardé de dire ce que je pensais du film jusqu'à maintenant en dépit de mon adoration inconditionnelle et revendiquée envers son illustre aîné, c'est sans doute parce que cette suite, qui jouit pourtant d'une reconnaissance critique globalement vraiment bonne au point d'être considéré par une partie non négligeable du fandom comme le meilleur épisode de la saga, me laisse un arrière-goût terriblement mitigé et amer, et que je n'éprouve donc pas plus de plaisir que cela à en parler.
Non, grâce au savoir-faire de Coscarelli, ce n'est pas un mauvais film pour autant, mais la chute de niveau en comparaison du premier est quand même rude et drastique sur de nombreux plans. Et j'avoue avoir un peu de mal à comprendre la réception de cette suite, en particulier vis à vis des 3 suivantes qui ont bien plus tendance à se faire déglinguer alors que ces films apportent, du moins selon moi, pourtant bien plus à la saga qu'elle, et ce avec moins de moyens. D'ailleurs, mais j'y reviendrais dans les critiques des dits films, je trouve que même ce qu'il a le mérite d'apporter de neuf, les films suivants, et particulièrement le troisième dont il est assez proche dans la forme, le reprendront en bien plus réussi. Entre autres parce qu'eux pour le coup assument vraiment leurs délires et les poussent beaucoup plus loin ...
Alors peut-être est-ce dû aussi au fait qu'il ait été d'assez loin le plus largement médiatisé et facilement distribué de la saga en son temps et qu'il semble qu'une partie conséquente de la fanbase a fait sa première rencontre avec la saga à travers lui. J'ai d'ailleurs remarqué que le fandom à tendance à se diviser globalement en deux camps concernant les tops de la saga, entre ceux qui préfèrent l'orientation action-horror institué par cet épisode et poursuivi dans le 3ème opus et ceux qui comme moi sont plus friand de la dimension onirique de l'original et du 4ème film, ce qui me semble assez logique s'il on a découvert cette suite ou Phantasm III : Lord of the Dead avant le premier car les surprises de ce dernier et son univers étant par conséquent éventées, familiers et moins spectaculaires, et le rythme calme du dernier épisode réalisé par Coscarelli détonnant brutalement et énormément de l'ambiance des deux premières suites ...
Mais ouais, si je peux tout à fait comprendre que l'on puisse apprécier ce second opus en tant que tel quand bien même il est celui du lot - et d'assez loin - qui m'a le plus ennuyé, je reste globalement assez circonspect quand je lis ici et là que cet épisode égale voire surpasse pour beaucoup le chef d'œuvre original de Coscarelli. Et je m'en vais de ce pas expliquer pourquoi.
Le truc le plus frustrant avec ce second épisode c'est sans doute le fait que quasiment tout ce qui ne va pas avec lui est principalement dû à des choix imposés par les producteurs du film. Mon petit doigt me dit en effet que si Coscarelli avait su dans quelle galère il allait s'embarquer avec eux, peut-être y aurait-il réfléchi à deux fois avant d'accepter le projet. Car tel un pacte avec le diable, l'acquisition du budget du film se sera progressivement révélée avoir été faite au prix de nombreuses contreparties, certaines d'une logique qui m'échappe complètement, dans le but de faire fructifier au possible le potentiel marketing du film, et malheureusement souvent au détriment de la qualité et de l'intérêt de ce dernier. Pour un box-office au final loin d'être honteux certes, le film, 2ème plus gros succès de la carrière de son réalisateur, ayant remporté près de 8 millions soit plus du double de son budget, mais toutefois pas vraiment aussi percutant qu'espéré, et rapportant moins du double des recettes de l'original qui plus est.
A commencer par le scénario qui déjà subit de base une de ces contraintes totalement débiles auxquelles je faisais mention plus haut. Les producteurs ont en effet décidé qu'il ne faudrait inclure aucune séquence de rêve ou à caractère onirique dans le film. Oui, vous avez bien lu. Ces mecs ont sciemment pris la décision de ne pas inclure la moindre séquence relevant de l'irréel au sein de l'univers d'un film qui s'appelle littéralement "fantasme" et faisant partie d'une saga dont le cœur thématique même est celui de la frontière entre les rêves et la réalité ! Ont-ils simplement vu l'original avant de financer le projet où se sont-ils contentés de regarder le rendement financier de ce dernier ?!
Non mais sérieusement quoi, vous vous foutez de la gueule du monde là ?! C'est littéralement LE truc qui offrait d'innombrables degrés de lecture tous plus intéressant les uns que les autres à l'original et qui en en décuplait la puissance et le sens ! D'emblée le film se prive d'un pan considérable de ce qui faisait le sel de l'original, car menant son histoire de telle sorte qu'en lui-même, le film ne marche qu'en prenant l'intrigue au premier degré.
Et pour le coup Coscarelli n'est pas venu arranger les choses car en tenant absolument à inclure la dynamique des rêves dans son film autant qu'il le lui a été possible, il a du coup positionné des incohérences volontairement visibles pour que l'on puisse remettre en question la véracité de ce que l'on voit. Et si effectivement ça lui a donné l'occasion par la suite de pouvoir pleinement réintégrer cette composante essentielle à l'univers Phantasm dans la saga, pour le coup sur ce second épisode, ces détails ont tendance à faire sortir du film tant ce dernier ne marche naturellement qu'au premier degré. Coscarelli lui-même le reconnait d'ailleurs dans l'excellent making-off Phantasmagoria qui reviens sur la création des 4 premiers films : c'est le seul film de la saga où on n'a pas le sentiment d'être plongé dans l'aura nébuleuse des rêves, et le film y perd beaucoup, tant en termes d'implication que de propos, considérablement amoindri par les balises scénaristiques imposés par ces producteurs à la con !
Et tout ça au nom de quoi au juste ? Parce que d'après eux, ça embrouillerait trop le spectateur et rendrait l'intrigue du film trop compliquée pour être appréciable ? De quoi ?! Le premier film regorgeait de ce genre de scènes et pouvait se lire malgré tout au premier degré sans problèmes.
Ce n'est d'ailleurs au passage pas un hasard si ce film convoque si peu l'héritage de son aîné, du moins sur le plan de la mythologie de l'univers Phantasm. Car bien au-delà de la volonté de Coscarelli d'élargir les horizons de sa saga et de la faire évoluer en conséquence qu'ils ne laissent que trop peu l'occasion de se concrétiser dans cette histoire (la mythologie de la saga ne se développant que très peu dans cet épisode et tout ne semble pas vraiment en phase avec le premier film comme avec les suites d'ailleurs), c'est surtout le souhait de producteurs apeurés par le fait que, malgré une introduction résumant et faisant directement suite au premier film, le public soit perdu par trop de références à un film sorti confidentiellement 9 ans auparavant.
Mais bon, vous m'avez l'air de toutes façons d'être le genre de producteurs qui prennent bien leur public pour des cons tant vous vous sentez systématiquement obligé de surligner à outrance les rares rebondissements de l'intrigue pour être bien sûr que tout le monde les voient bien venir à 1000 plombes pour que surtout personne ne se plaigne d'avoir été surpris. Car oui, une autre composante des films Phantasm quasiment absente de cette première suite est la capacité de globalement surprendre le spectateur et de le maintenir dans le flou au regard des possibles événements et orientations qui pourront dynamiser l'histoire par la suite.
En outre, les flashs sur son cadavre et la méfiance ultra-surlignée que Mike a sur le personnage d'Alchemy au-delà du comportement surréaliste de cette dernière la plupart du temps (sa scène de "sexe" avec Reggie, mon dieu ...), qui éventent d'entrée de jeu le twist la concernant en fin de film là où fait un peu plus subtilement et en faisant écho à, je ne sais pas, la Lady in Lavender du premier film par hasard, la surprise aurait sans doute été là.
Et oui je parle de rares rebondissements car en plus ces crétins ont également imposé la présence d'un tout nouveau personnage au scénario, celui de la jeune Liz jouée par Paula Irvine ... et bon sang, que je ne l'aime pas, ce personnage ! Au-delà du fait qu'il n'a absolument aucune personnalité, son principal problème, c'est qu'il n'a en fait pas d'autre fonction que celle de repasser les étapes du premier film que les autres personnages ont déjà franchies pour les spectateurs qui découvriraient la saga avec ce second film, avant de devenir la petite copine en détresse de Mike qui forcera le film à partir en "mission de sauvetage dans l'antre du méchant" on ne peut plus classique de ce genre de films. Là encore, un souhait de ces chers producteurs, qui pensaient que sans romance sortie de nulle part et casée au burin (Mike et Liz ayant un lien télépathique inexpliqué et qui ne semblent eux même pas plus les perturber que cela qui les attirent l'un à l'autre. Plus forcée comme introduction de personnage, tu meurs, d'autant qu'ils bénéficiaient dans le scénario de 7 ans d'ellipse pour l'introduire ...), le film ne serait sans doute pas assez glamour pour attirer son public ...
Alors peut-être est-ce efficace pour ceux qui découvrent la saga par ce second épisode, ça je ne peux le dire, ça n'a pas été mon cas. En revanche, ce que je peux confirmer, c'est qu'en tant que spectateur ayant découvert et suivi la saga dans l'ordre, c'est bien chiant d'avoir à se refarcir des remakes au rabais d'instant du premier film qui ne parviennent jamais à reproduire leur éclat original tout simplement parce qu'on les a déjà vécus auparavant, et en mieux. D'autant que niveau cohérence ça se pose quand même là puisque Liz nous dit dès la première scène être au courant par son lien de l'histoire de Mike, Reggie et du Tall Man ... pour ensuite agir comme si elle n'en savait absolument rien (le pire, c'est que bien exploité, cette histoire de lien télépathique aurait pu donner quelque chose de très intéressant, mais malheureusement le film tombe à côté de la plaque à chaque fois qu'il reviens à ce sujet, d'autant qu'aucune des suites ne reviendra vraiment sur le concept) !
Au milieu de toutes ces contraintes scénaristiques bien lourdes, Don Coscarelli n'a plus beaucoup d'espace pour développer son récit dans la direction qu'il aurait souhaité. D'autant que les injonctions des producteurs viennent régulièrement perturber le cours de ce dernier (à ce propos, ce film, le plus long de la saga, est également le seul à avoir quelques problèmes de rythme, avec des vrais creux à mi-chemin et certains actes qui ont tendance à s'étirer un peu trop longtemps pour ce qu'ils apportent au récit). Il parvient toutefois à glisser quelques éléments pour donner une direction différente à la saga, la transformant en road movie gore plus orienté action et horreur voire (mais vraiment très légèrement) comique à la Evil Dead par moments (une orientation dont on pourrait là encore questionner l'origine vu le succès et la fraîcheur du second film de la saga d'Ash et du Necronomicon dans les mémoires d'alors, mais pour le coup je prends le risque de me ranger du côté disant que c'était bien la volonté de Coscarelli, qui n'a jamais caché son affection pour la dite franchise, a fait d'autres films dans un délire similaire dont certaines suites de Phantasm, et étant d'ailleurs un ami de Sam Raimi qui fait un cameo aussi particulier que génial dans le film), bien que le film se prenne globalement très au sérieux. L'idée du Tall Man qui dépouille progressivement les petits villages de l'Amérique profonde de ses cadavres et habitants au point de les "tuer" pour faire croître son pouvoir est également intéressante bien que sous exploitée. Mais on sent fort bien qu'on est loin d'être devant une œuvre aussi personnelle que face à l'original, encore une fois ...
Et enfin, difficile de ne pas évoquer le dernier gros problème du film résultant des caprices des producteurs, où plutôt devrais-je dire LeGros problème du film, tant ce dernier joue un rôle non négligeable devant mon hermétisme global à l'histoire de ce second opus : James LeGros.
Car oui, vous aurez normalement remarqué que Mike a quand même sacrément changé depuis le premier film et non, ce n'est pas parce qu'A. Michael Baldwin s'est lancé dans une décennie de musculation et de chirurgie esthétique entre les deux films ...
En effet, les producteurs ont imposé à Coscarelli un recast pour les personnages de Mike et Reggie afin de les faire jouer par des acteurs alors plus connus. Le Don a fait ce qu'il a pu pour essayer de lutter contre cette décision absurde mais n'a réussi à obtenir gain de cause que pour un seul des deux rôles, et a choisi de garder Reggie Bannister. Ce recast est d'ailleurs d'autant plus incompréhensible qu'ils laisseront - et tant mieux - l'interprète original de Mike revenir pour le 3ème film qui s'est également fait sous l'égide d'Universal.
Et James LeGros remporte sans le moindre problème la palme du pire acteur du film, et d'assez loin, se révélant non seulement être un acteur considérablement moins bon que l'excellent A. Michael Baldwin dans le rôle de Mike, mais aussi tout bonnement une erreur de casting monumentale tant il est systématiquement à côté de ce qui faisait le sel et l'intérêt du personnage dans l'original !
Considérablement moins investi dans l'interprétation du rôle que son prédécesseur, ce cher James traverse la quasi-totalité du film avec la même expression faciale, celle d'une quiche lorraine bien cuite et enjouée à l'idée d'être prochainement dégustée, en débitant son texte avec un automatisme proche du cyborg et une élocution digne de Siri. Au jeu parfois à la limite de la sur-expressivité de son prédécesseur succède un éventail d'émotion proche de celui de la tanche, qu'absolument rien ne semble jamais perturber en dépit des trucs complètement tarés qu'il puisse se produire au cours du film !
Pour tout dire, même son propre physique le dessert dans le rôle ! Le côté frêle et fragile d'A. Michael Baldwin conférait au personnage une vulnérabilité qui rendait sa peur crédible et nous faisait réellement nous inquiéter pour lui. Ici, entre son visage qui sourit naturellement et sa carrure de type assez baraqué, on n'arrive jamais à vraiment sentir le personnage en danger ni vraiment inquiet de ce qu'il se passe. Il n'y a guère que dans ses scènes avec Paula Irvine qu'il est un tant soit peu convaincant, et même là on n'a pas le sentiment qu'il affronte quelque chose qui le dépasse mais bien au contraire il semble totalement de taille face ce qui l'attaque. C'est littéralement le total opposé de ce qu'était le personnage dans l'original et de la manière dont il était interprété ! Ce qui aurait pu à la rigueur passer et même être une évolution intéressante si le scénario allait dans ce sens, mais le truc c'est que ce n'est absolument pas le cas (et les suites, en particulier le III, le confirmeront encore davantage) ! Coscarelli a clairement écrit le rôle pour Baldwin dans l'optique de retrouver un personnage qui certes a grandi et est davantage conscient des dangers qui l'entoure, mais qui est également un être encore plus brisé que dans le premier -
entre autres à cause des événements de ce dernier - et non un action man qui sait quasi parfaitement faire face au Tall Man !
Pas un instant l'interprétation de James LeGros ne colle avec cela, et, sans surprise, il rate toutes les scènes l'impliquant un minimum dramatiquement parlant dès lors qu'il n'y a pas un autre acteur (bien souvent Angus Scrimm d'ailleurs) en face pour le tirer vers le haut (et encore, dès fois ça ne marche pas, comme la scène des retrouvailles entre Mike et Reggie en début de film). Le seul point positif de son interprétation vis à vis de la saga, c'est qu'en plus de faire apprécier encore davantage par comparaison le jeu de Baldwin dans les 4 autres films, ce recast renforce involontairement le côté onirique de la franchise en créant une anomalie de casting le temps d'un film.
D'ailleurs, pour l'anecdote, une fois A. Michael Baldwin évincé, il ne restait plus que deux candidats à départager pour le rôle de Mike, et il se trouve que le second n'était autre qu'un jeune Brad Pitt en tout début de carrière. Si je doute qu'il eut été un bien meilleur choix, je pense qu'il aurait tout de même eu plus de nuances dans son jeu que celle de ce pauvre James, qui m'a certes l'air d'être un gars bien sympathique dans la vie et même pas spécialement un mauvais acteur soit dit en passant mais définitivement pas à sa place dans ce rôle, voire peut-être même tout simplement dans ce genre cinématographique-là !
Quant aux autres acteurs, sans jamais vraiment briller, ils font plutôt le job. Les seconds couteaux sont efficaces, Paula Irvine fait ce qu'elle peut avec ce que lui permet son rôle très mal écrit et inintéressant, et l'actrice jouant Alchemy est dans un surjeu constant parfois un peu agaçant mais qui colle globalement bien à l'ambiance plus "légère" de ce second film. Seul un Angus Scrimm très en forme est véritablement notable et reste égal à lui-même, portant le film par sa simple présence et se distinguant sans peine comme le meilleur acteur du film, nous délivrant d'ailleurs probablement sa meilleure réplique de la saga ("You think that when you die, you go to Heaven ? You come to us !"), bien que Reggie Bannister gagne ici beaucoup en jeu d'acteur comme en épaisseur de rôle, et c'est appréciable car son personnage est très sympathique et qu'il semble prendre un réel plaisir à l'interpréter.
Du coup, dépossédé d'un véritable contrôle sur son casting et son intrigue, il ne reste plus à Don Coscarelli qu'un seul véritable espace pour s'exprimer : l'aspect technique de son film. Et fort heureusement, il va de ce côté-là ne pas se priver pour s'en donner à cœur joie et amplement profiter des nouveaux moyens que ces concessions lui auront apportés. C'est ce qui sauve véritablement le film d'ailleurs, tant ce dernier est généreux en terme de scènes d'actions (toujours prenantes et dynamiques), de situations et bestiaires insolites (aux nains ici perfectionnés et aux sphères qui redoublent d'inventivité déviante du premier film s'ajoutent des exhumeurs de grande taille aux masques et pioches bien intimidants, ainsi que des croque-morts tout aussi rassurants et avenant que le Tall Man), de délires (dans le domaine horrifique comme celui de l'action, à travers notamment ce magnifique shotgun à 4 canons de Reggie qui deviendra un autre véritable emblème d'une saga qui n'en manque décidément pas), de musique (avec le retour du thème culte de l'original qui connait un réarrangement plus rythmé qui lui aussi fonctionne très bien) et d'idées de mise en scène (pas mal de plans sympas, notamment celui de la sphère qui traverse une série de portes, au service d'une réalisation qui parviens globalement à bien iconiser et développer les éléments phares de son univers, du moins pour le peu où l'on laisse Coscarelli s'y exprimer librement), en plus d'être bien exécuté de ce point de vue-là, avec une esthétique là encore comme celle de l'original très réussie (même si je préfère légèrement celle plus brute, froide et sombre de ce dernier) tout en étant radicalement différente de cette dernière, dans des teintes plus chaudes et jaunies, couleur qui trouve une résonance toute particulière dans ce film notamment vis à vis de la décomposition et transformation des cadavres. Que ceux qui trouvaient le premier film trop timide en action (bien que le propos et l'intérêt de ce dernier ne se situe encore une fois clairement pas là) ou qui venaient principalement pour cette dernière se rassurent : cette suite profite au moins bien de sa hausse de budget pour mettre les bouchées doubles, et en plus le faire bien. Le film étant sans doute à ce propos le plus gore de toute la saga ...
Le comité de censure a d'ailleurs été vachement bizarre avec sa manière de réceptionner le film. Ils ont été complètement choqués par l'équivalent de la scène de la sphère broyeuse de cervelle de l'original en exigeant la suppression au montage de tout le passage ou la sphère expulse le sang, qu'ils avaient pourtant autorisés 9 ans auparavant sans le moindre problème. Et à côté de ça, ils laissent passer des trucs monstrueusement plus violents, gore et, du moins pour moi, terrifiants (on pensera bien sûr à la scène ou une autre sphère rentre dans un des serviteurs du Tall Man et lui broie le corps et le visage de l'intérieur, et surtout du passage où le Tall Man se décompose suite à de l'injection d'acide sulfurique dans son corps) sans avoir exigé la moindre coupe dessus. Décidément, je ne comprendrais je pense jamais leur logique ...
En définitive, Phantasm II est malgré tout une belle preuve qu'une réalisation passionnée et appliquée joue un énorme rôle dans la réussite d'un film et est parfois capable de combler ou du moins compenser bien d'autres lacunes, parfois jusqu'à le sauver de la catastrophe. Et c'est avant tout comme cela que je préfère me souvenir de ce film certes très imparfait mais qui a au moins le mérite de se donner à fond dans les aspects qu'il réussit. Et qu'on doit dans le cas présent quasiment tout le temps à Don Coscarelli et à l'équipe issue de son chef d'œuvre originel, qui prouvent pour moi ici clairement que bien que l'évolution de leurs carrières les aient inévitablement amenés sur le chemin de cette suite, ils l'ont faite avant tout avec et par plaisir et volonté.
Car malheureusement, dès lors que je songe au reste du film, je ne peux m'empêcher, face à la passion et au soin palpables du travail effectué sur ce qui marche, de ressentir une frustration gigantesque à l'égard de tous les aspects du film qui subissent les problèmes engendrés par ses producteurs et leurs décisions parfois tout bonnement absurdes tant cela impacte drastiquement le film et le limite dans ses possibilités et ambitions, le condamnant à n’être qu’un petit actionner horrifique pas trop mal fichu mais globalement dépourvu de la puissance dramatique et thématique de son aîné (sans oublier le caractère atypique et sans doute aussi en avance sur son temps de ce dernier, cette suite se contentant d'inclure et d'appliquer dans cet univers une formule alors en vogue ayant déjà fait ses preuves), qu'il aurait peut-être pu conserver sans ces conditions impertinentes.
On ne peut dès lors que se demander ce que le film aurait donné si Coscarelli s'était retrouvé seul maître à bord comme du temps de l'original. Phantasm III : Lord of the Dead, qu'il réalisera une nouvelle fois avec le soutien financier d'Universal, mais en étant cette fois très nettement plus intransigeant en ce qui concerne son contrôle créatif, en est d'ailleurs pour moi à bien des égards un intéressant aperçu. Mais ça, c'est une autre histoire ...