Voilà une critique bien fourmie
On m'avait présenté Phase IV comme un film de bêbêtes, en l’occurrence des fourmis. Mais je ne m'attendais pas à ce que j'ai vu. Phase IV ne ressemble à rien de ce que j'ai vu jusqu'à présent.
Donc, l'excuse du film, c'est que suite à une sorte d'accident cosmique, les fourmis se comportent de façon pour le moins bizarre, je dirais même plus : étrange. Alors deux scientifiques s'enferment dans une sorte de labo portatif et cherchent à comprendre ce nouveau comportement. Mais les deux scientifiques ne sont pas du même avis : l'un veut les combattre quand l'autre veut entrer en contact avec elles.
Les premières minutes sont impressionnantes. Des plans qui nous montrent de vraies fourmis en action (parfois en vitesse accélérée, parfois en surimpression sur d'autres images, mais ce sont les seuls trucages du film). Et c'est le montage qui rend ces images inquiétantes : par une succession de plans savamment organisée, le spectateur a d'emblée l'impression que ces fourmis constituent une menace, qu'elles trament quelque chose de terrible. Car c'est ça la première grande force du film : faire naître la peur des fourmis parce qu'on les sent capables d'agir de façon intelligente, en suivant un dessein précis et organisé.
Petit exemple : on assiste à une scène impressionnante de rituel funéraire chez des fourmis, avec des petits cadavres insectes alignés comme dans une chapelle ardente. ça fait froid dans le dos...
Nous sommes donc très loin des films qui se veulent horribles. Il y a bien deux ou trois images un peu glauques dans la première moitié du film (genre des trous dans les mains d'où sortent des fourmis), mais rien d'horrifique. Le propos du film n'est pas là.
De très loin, le plus intéressant est la confrontation qui s'engage entre insectes et scientifiques. Car un véritable duel se déroule sous nos yeux ébahis. à chaque attaque humaine répond une contre-offensive fourmie. Et les insectes sont non seulement ingénieux mais bien déterminés. De plus, ils ont pour eux l'avantage du nombre et l'absence d'individualité qui peut permettre des sacrifices en grands nombres.
Certains plans sont vraiment impressionnants, comme ces grandes construction qui entourent le laboratoire. Comme également ces scènes où les fourmis envahissent les appareils électriques ou électroniques pour les faire éclater. Car dans ce combat, l'avantage technologique des humains (avec leurs énormes ordinateurs) sera vite réduit à néant.
Visuellement, le film est très travaillé donc, même quand il n'en a pas l'air. ça fleure bon les années 70, mais ça n'enlève rien à l'originalité de l'ensemble. Un film unique, inattendu, imprévisible, inquiétant et même parfois onirique.